Blog d'Étienne Pourcher
Les forêts françaises couvrent 31% du territoire métropolitain. Elles contribuent de multiples façons au bien-être humain (production de bois, purification de l’air et de l’eau, maintien des sols, habitat pour la biodiversité, alimentation, santé, activités récréatives, etc.) et participent aux Objectifs de Développement Durable fixés par l’ONU. En particulier, la France s’étant engagée à atteindre la neutralité carbone dès 2050, le rôle de puits et de stockage de carbone des forêts est considéré comme un élément majeur de sa Stratégie Nationale Bas Carbone (SNBC).
Depuis quelques années, les forêts françaises, dont la surface n’avait cessé de croître depuis plus d’un siècle, connaissent, de façon inquiétante, une diminution de productivité, des dépérissements massifs et un risque incendie accru. Le changement climatique en cours met ainsi en péril les ressources forestières et leur contribution attendue pour préserver la biodiversité, favoriser le développement rural et la bioéconomie, renforcer la production de bois, assurer le bien-être sociétal et équilibrer le bilan carbone de la France. Les enjeux sont considérables et l’orchestration des mesures à prendre s’avère extrêmement délicate en raison de la diversité des attentes de la société.
L’Académie des sciences dresse ici un état des lieux des connaissances actuelles sur les diverses contributions des forêts à la société, puis identifie les défis à relever au regard des menaces actuelles et à venir. Finalement, elle présente un ensemble de recommandations pour assurer simultanément la résilience des forêts, leur rôle de puits de carbone, la production de bois, la préservation de la biodiversité, et la qualité des autres contributions du milieu forestier au bien-être humain.
Les recherches scientifiques devront porter sur les connaissances nécessaires à la compréhension du bilan carbone des forêts, l’adaptation du milieu forestier au changement climatique et l’efficience d’utilisation du bois. Des modèles capables de simuler l’évolution des forêts en réponse aux perturbations naturelles et anthropiques ainsi que les pratiques sylvicoles doivent être développés. Les données nécessaires à leur validation (composition des peuplements, biomasse aérienne et souterraine, flux de carbone) doivent être acquises et diffusées largement. La prise en compte des facteurs physico-chimiques, biologiques, économiques et sociaux dans l’évaluation des enjeux liés aux forêts nécessite des études interdisciplinaires. Enfin, une méthodologie vérifiable et transparente de calcul des émissions évitées grâce aux usages du bois est nécessaire pour évaluer la contribution des produits bois aux objectifs de la SNBC.
Un effort majeur de gestion forestière est nécessaire pour optimiser à l’échelle nationale l’adaptation des forêts au changement climatique, la production de bois et la préservation de la biodiversité. Ces pratiques doivent être flexibles, évolutives et adaptées au contexte socio-écologique local. Pour gérer les effets du changement climatique par une stratégie sans regrets, la structure des peuplements devra être ajustée en favorisant la sylviculture à couvert continu, en ajustant les densités de peuplement aux conditions hydriques, en augmentant la diversité des essences, en évitant autant que possible les coupes rases dont les impacts écologiques et climatiques sont trop importants, et en conservant des vieux arbres qui sont des refuges pour la biodiversité et représentent un patrimoine génétique à préserver.
Le rôle de la filière bois sera crucial pour la réussite de la transition énergétique. La filière devra optimiser son bilan carbone depuis le prélèvement en forêt jusqu’au recyclage des produits bois et des connexes de scierie. Sa réindustrialisation doit être soutenue afin de permettre la transformation du bois français en France, le développement des produits bois à longue durée de vie, la valorisation des bois de feuillus, et une maîtrise à court terme des volumes de produits à courte durée de vie.
Les politiques publiques devront accompagner la filière forêt-bois de manière cohérente pour assurer le succès de la transition énergétique. La récente diminution du puits net de carbone des forêts appelle à une révision urgente de la SNBC dont les objectifs ne seront pas tenus. D’autres scénarios doivent être évalués sur un temps long et en s’inscrivant dans une approche écosystémique et multifonctionnelle de la forêt. Enfin la gouvernance forestière devra mieux prendre en compte les intérêts et souhaits des différents acteurs.
La présidence française de l'Union européenne à partir de ce 1er janvier 2022 est une occasion unique d'agir concrétement contre la déorestation.
Entre 1990 et 2020 seulement, le monde a perdu 420 millions d'hectares de forêts, une superficie plus vaste que celle de l'Union européenne.
En 2021, l'UE reste le deuxième plus grand importateur de matières premières liées à la déforestation et à l'origine de 16 % de la déforestation associée au commerce international.
La France importe 20 % de son alimentation et cette part est croissante. Parmi ces produits agricoles figurent des denrées – huile de palme, bœuf, cacao, café, soja… – responsables de déforestation dans les pays qui les produisent.
Une Stratégie Nationale de lutte contre la Déforestation Importée a été adoptée le 14 novembre 2018 en France, pour « mettre fin en 2030 à l’importation de produits forestiers ou agricoles non durables contribuant à la déforestation ». Aujourd’hui, cette ambition n’a pas été traduite dans un plan d’actions avec des objectifs chiffrés.
Bruxelles a présenté, le 17 novembre 2021, une proposition de règlement pour enrayer la dégradation des forêts imputable à l'UE. Elle vise à garantir l'importation de produits sans lien avec la déforestation.
Le projet de règlement prévoit la mise en place d'un mécanisme dit de « diligence raisonnée » permettant de n'accepter sur le marché communautaire que des produits conformes à la législation du pays d'origine et n'ayant pas contribué à la destruction ou à la dégradation d'espaces forestiers.
Les produits concernés sont les six produits de base les plus souvent associés à la déforestation : soja, viande de bœuf, huile de palme, bois, cacao et café, ainsi que certains produits dérivés comme le cuir, le chocolat et les meubles. La Commission prévoit une mise à jour de la liste des produits de base en fonction de l'évolution des modèles de déforestation. Les entreprises souhaitant mettre les produits de base sur le marché de l'UE devront collecter les coordonnées géographiques des terres où ils ont été produits. Les obligations seront simplifiées pour les produits provenant de pays à faible risque tandis que les contrôles seront renforcés pour ceux provenant de zones à haut risque. Mais ce sont les États membres qui seront responsables de l'application effective du règlement.
L'examen du texte par le Parlement et le Conseil doit débuter lors de la présidence française de l'UE. (Emmanuel Macron avait annoncé une accélération de la stratégie européenne en matière de déforestation lors du Congrès mondial de la nature, en septembre 2021 à Marseille)
Des discours volontaristes aux actes il y a souvent un fossé. Il faudra donc juger aux actes. En effet, le projet de règlement sera jugé à l’aune de son ambition car il comporte des limites :
- Le champ couvert par la législation : une matière première comme l'hévéa utilisée pour fabriquer le caoutchouc, et qui est l'une des premières causes de déforestation en Asie du Sud-Est, n’en fait par exemple pas partie ; idem pour le caoutchouc, le poulet, le maïs, le sucre…
- Les milieux naturels pris en compte : la déforestation concerne évidemment la forêt mais aussi les écosystèmes voisins comme les savanes, les prairies ou les tourbières…
- La prise en compte des communautés locales : les produits importés, cultivés sur des territoires parfois détournés de leur utilisation originelle, doivent obtenir un consentement libre, informé et préalable des communautés locales
- l'allégement des contraintes pour les produits provenant de produits à faibles risques : cela pourrait ouvrir la porte à des "blanchiments" à travers des exportations vers un pays considéré comme à faible risque, avant une exportation vers l'UE
- la traçabilité : par exemple, le texte pourrait se heurter à l'impossibilité d'assurer une traçabilité individuelle de la naissance à l'abattage pour les bovins en provenance de certains pays. Le texte doit donc prévoir des mesures visant à imposer nos règles de traçabilité à nos partenaires commerciaux tels que le Brésil, ainsi que la mise en œuvre de contrôles réalisés par la Commission européenne dans les pays exportateurs.
Enfin, le projet de Règlement gagnerait à mettre en place un nécessaire suivi en publiant annuellement des indicateurs de suivi comme par exemple le montant des émissions dues à la déforestation importée.
Au-delà de ce Règlement, il sera nécessaire d’agir également en prévention : réduire l’utilisation de l’huile de palme (notamment comme carburant), réduire la consommation de viande, augmenter l’autonomie protéique de la France, stopper le soutien du secteur de la finance aux investissements contribuant à la déforestation, soutenir les pays producteurs en transition, modifier ou mettre fin aux accords de libre échange menaçant d’accroître la déforestation (comme l’accord UE-Mercosur)… Un plan d’action global pour lutter contre la déforestation !
Comme chaque été, nous avons assisté au retour des incendies de forêts (Grèce, Indonésie…) aussi sûrement qu’au retour des touristes sur les plages ou des melons sur les étals des marchés. Faits nouveaux cette année, la planète a connu des feux en Arctique…De la Sibérie au Canada, des millions d'hectares sont partis en fumée depuis début juin, en raison des températures élevées.
Plus encore, récemment, la planète s’est émue devant les feux en Amazonie, jusqu’à amener le sujet en haut des priorités de discussion du G7 de Biarritz.
Incendies de forêts et dérèglement climatique : pourquoi il est urgent d’agir ?
Le dérèglement climatique entraine ces feux. La sécheresse et la chaleur sont évidemment une des causes de ces incendies ; or, l’été 2019 étant plus sec et plus chaud que les précédents est plus propice aux feux de forêts.
Ces feux accélèrent le changement climatique. Le feu émet du C02 en libérant le carbone contenu dans les arbres : Sur le seul mois de juin, les feux dans l’Arctique ont dégagé 50 mégatonnes de CO2, soit autant que les émissions annuelles de pays comme la Suède ou la Hongrie.
Les forêts brûlées sont autant de puits de carbone en moins, chaque arbre absorbant le CO2 de l’atmosphère pour en relâcher l’oxygène d’où le surnom de « poumon » de la planète.
Pourquoi une telle émotion suscitée par les feux en Amazonie ?
L’Amazonie est un espace forestier important réparti sur 9 pays dont la France (Guyane) et le Brésil (qui en accueille 60% de la surface).L'Amazonie est la deuxième plus grande forêt du monde, derrière la taïga.
Cette vaste surface forestière en fait le poumon du monde par sa capacité à capter et stocker le CO2 à un moment ou notre terre en a le plus besoin.
Mais le rôle des arbres ne s’arrête pas là : ils captent l’eau des sols pour la faire évaporer et entrainer des pluies ; d’où, avec la déforestation amazonienne, des saisons de pluies plus tardives et plus courtes.
Pour autant, l’Amazonie reste l'une des régions les plus humides de la planète, d'où une grande richesse en biodiversité. Cette forêt est, en effet, un formidable réservoir de biodiversité : animaux comme plantes (dont nous avons besoin par ailleurs pour la chimie et la médecine).
Ceci sans compter que l’Amazonie accueille depuis des siècles des populations autochtones qui vivent souvent en symbiose avec la forêt.
Autant dire qu’un feu de forêt fait disparaître l’ensemble de ces bienfaits et ses conséquences ne sont pas seulement locales, même si elles sont terribles pour les indiens : accroissement du dérèglement climatique pour toute la planète, dégradation de l’air et de la santé des espèces (dont l’Homme), perte de diversité irréversible. C’est pourquoi certains parlent des forêts comme de « biens communs » de l’humanité. Il pourrait donc leur être attribué des droits.
Des incendies de cette année en Amazonie inédits par leur ampleur
L’été 2019 connaît une envolée de ces feux en Amazonie et particulièrement au Brésil où vient d’être élu Jair Bolsonaro. : hausse de 84% par rapport à 2018 au Brésil et + 100% dans l’ensemble de l’Amazonie.
Quelle est la cause de cette augmentation inédite dans le nombre d’incendie comme dans leur ampleur ? Le défrichage est souvent mis en cause avec un objectif de production agricole : besoin de terres pour la culture du soja – le Brésil est le 1er exportateur de soja- et besoin de terres pour le pâturages – donc la production de viande bovine pour laquelle le Brésil est également 1er exportateur. Le feu sert à défricher la zone une fois le bois extrait, afin de passer à des fonctions plus lucratives. L’enjeu commercial et financier transparait donc immédiatement.
Il est doublé d’une spéculation foncière parfois animée par des mafias locales. D’où l’usage de la violence (l’appât du gain…), et derrière elle la pauvreté…
L’industrie minière n’est pas en reste qui vise l’exploitation du sous-sol…
Un sujet politique : que faire ?
Jair Bolsonaro, immédiatement élu, a réduit les budgets de l’Ibama, organisme chargé de faire respecter les lois sur l’environnement, ce qui a entraîné une baisse des contrôles, laissant ainsi libre cours aux mécanismes précédemment décris (le défrichement a augmenté de 50% depuis janvier dernier…).
La signature du traité de libre échange entre l’UE et le Mercosur en juin dernier vise à accroître encore les échanges commerciaux donc la production brésilienne de soja et de viande bovine, donc le besoin en espaces fonciers, donc l’accroissement des défrichements… L’annonce par l’Irlande et la France d’un renoncement à ce traité est un premier pas nécessaire. Les autres traités commerciaux internationaux devraient d’ailleurs prendre en compte de façon systématique leur empreinte environnementale. La relecture des traités déjà signés est nécessaire.
Nous devons également être irréprochables… Des défrichements sont accordés en France (Guyane) aussi pour des projets miniers par exemple…
Instituer la forêt en bien commun universel ? c’est une piste juridique à creuser. Dans tous les cas, laisser libre cours aux forces du marché – qui montre là qu’il ne sait pas s’auto-réguler – est impensable. Il faut introduire une régulation permettant à la fois de respecter notre environnement dans le cadre d’un développement économique durable et à la fois de respecter les populations, tant celles qui vivent dans et des forêts que celle des agriculteurs et salariés d’Europe comme d’Amérique latine…
L’incendie de Notre Dame a marqué les esprit, en particulier par la disparition de la « forêt », charpente de chêne vieille de plusieurs siècles.
Beaucoup a été dit à ce propos
Il est temps de reconstruire ; il faut le faire en bois !
Anne Brugnera, la députée rapporteure du projet de loi de reconstruction de Notre-Dame, a commencé les auditions des professionnels. La loi permet en effet au gouvernement de déroger non seulement aux règles fiscales et administratives, mais aussi aux règles techniques et architecturales protégeant les monuments historiques et prévoit un concours international d'architectes pour reconstruire la flèche, ouvrant la porte à un « geste architectural » plutôt qu'une reconstruction de la flèche de Viollet-Leduc. La charte de Venise de 1964 et la réglementation française imposent une restauration respectant l'apparence (les matériaux pouvant être modernes) et conduite par un architecte en chef des monuments historiques.
Voici pourquoi il faut reconstruire en bois.
D’abord, la combustion de la structure bois a sans doute eu de moindre conséquences sur les murs de pierres que si elle avait été en acier ou en béton ; les pompiers dont il faut souligner le travail exemplaire sur ce feu le savent bien.
Le choix du bois : matériau capteur de CO2 - durant sa croissance il absorbe plus de CO2 qu’il n’en dégage pour sa combustion et peut le conserver pendant des siècles comme la charpente de la cathédrale le montre, il a donc un bilan carbone positif - et renouvelable – par définition l’arbre coupé laisse place à d’autres arbres qui vont à leur tour croître, et la forêt française qui est gérée durablement s’en assure, ceci à la différence des autres ressources fossiles.
Ensuite la forêt française le peut contrairement à ce que certains ont pu dire : le besoin pour reconstruire la charpente de Notre Dame est évalué à 3000 m3 quand on récolte 800 000 m3 de chêne en France chaque année ; de plus les gros bois sont bien présents même si la charpente qui vient de brûler était plutôt un habile assemblage ayant moins eu recours aux gros diamètres, d’où son surnom de « forêt ».
En outre, nous pouvons montrer la capacité humaine actuelle a égaler le magnifique travail des artisans de l’époque. C’est toute une filière française du bois (actuellement déficitaire mais qui regorge de talents) qu’il sera possible de valoriser.
Enfin, c’est l’occasion de montrer la capacité d’innovation de la filière bois aujourd’hui : traitement inifugeant le matériaux, CLT, utilisation d’autres essences que le chêne pour le bois construction, etc.
Par ailleurs, le formidable élan des forestiers montre que plus de chêne que ce qu’il sera nécessaire a été offert : donnons les quantités supplémentaires à la fondation Abbé Pierre pour créer des logement en bois pour les sans logis.
Didier Guillaume vient de succéder à StéphaneTravert au Ministère de l'Agriculture. Bien que le terme "forêt", qui représente pourtant un tiers du territoire français, ne se retrouve pas dans l’intitulé du Ministère, le nouveau Ministre a été conseiller de Jean Glavany alors que celui-ci portait un projet de loi essentiel sur la forêt et corapporteur du projet de loi d'avenir pour l'agriculture, l'alimentation et la forêt au Sénat en 2014. Didier Guillaume devrait donc être connaisseur des questions forestières. Il a devant lui d'importants dossiers sur ce sujet!
La forêt et le bois représentent une opportunité pour la France qui dispose largement de cette ressource : puits de carbone, réservoir de biodiversité, énergie renouvelable, matière première de la bioéconomie, espace de loisirs et de bien-être. Dynamiser la filière forêt bois c'est saisir ces opportunités!
Une actualité urgente à traiter pour le Ministre : le modèle économique affaibli de l’ONF, gestionnaire de la forêt publique. En déficit récurrent du fait d'un modèle économique non pérenne, l'Office connaît des difficultés auxquelles il convient enfin de remédier. La "marche pour la forêt" actuellement en cours en France doit trouver une réponse politique pour l'avenir des forêts publiques et de leur gestion.
Autre dossier brûlant pour le nouveau Ministre : la réalisation d’une usine d’huile de palme en Région PACA, dite « bioraffinerie de la Mède » (autorisation délivrée à Total le 16 mai dernier) représente de la déforestation importée – rappelons que la déforestation représente 10% des émissions mondiales de gaz à effet de serre -. La France veut-elle vraiment continuer à s'engager sur ce projet?
Enfin, autre dossier chaud, le permis d’exploiter – qui doit être délivré cet automne - une mine d’or en Guyane, dit projet « Montagne d’Or », ayant reçu le soutien d’E. Macron fera disparaître 1500 hectares de forêts en plein cœur de l’Amazonie et utilisera une méthode d’extraction au cyanure extrêmement polluant menaçant ainsi la faune et la flore locale.
Des sujets tout aussi importants et récurrent seront également à traiter, comme le déficit extérieur récurrent de la filière. Comment accroître la transformation des bois sur notre sol et donc la création de valeur, pour ne pas rester cantonnés à la production de matière première?
La sous-exploitation de la forêt des particuliers dont on ne prélève que la moitié de l’accroissement annuel. Il existe un potentiel supplémentaire dans la collecte de bois dans la forêt privé, comment le mobiliser?
Nous pourrons juger l'action du nouveau Minsitre à l'aune des réponses qui seront apportées à ces dossiers...
La démission de N. Hulot s'est produite sur fond de permis de chasse; même si cet épisode ressemble plus à la goutte d'eau qui a fait déborder le vase, les questions forestières et de la filière bois ont des dossiers chauds et urgents à traiter par le nouveau Ministre FDR.
Le développement de la filière bois, matériau biosourcé et source d’énergie renouvelable, nécessite des actions concrêtes; de même pour la forêt qui est pourtant également un puissant puit de carbone, allié précieux contre le dérèglement climatique, ainsi qu’un réservoir inégalé de biodiversité.
Un premier test sera celui de la déforestation importée : La volonté du Gouvernement de permettre la réalisation d’une usine d’huile de palme en Région PACA, dite « bioraffinerie de la Mède » (autorisation délivrée à Total le 16 mai dernier) représente de la déforestation importée – rappelons que la déforestation représente 10% des émissions mondiales de gaz à effet de serre -.
Second dossier, le permis d’exploiter – qui doit être délivré cet automne et constitue donc un des premiers actes politiques du nouveau Ministre - une mine d’or en Guyane, dit projet « Montagne d’Or »,ayant reçu le soutien d’E. Macron, fera disparaître 1500 hectares de forêts en plein cœur de l’Amazonie et utilisera une méthode d’extraction au cyanure extrêmement polluant menaçant ainsi la faune et la flore locale. Le récent débat public a montré les réticences locales voire les radicalisations; les compromis sur la dispersion des sites de stockage (pour partager les risques?) ou garanties de l'exploitant sur le traitement des boues scianurées, n'ont semble-t-il pas rassuré...
Le plan climat du Ministre Hulot en juillet 2017, devait pourtant s’appuyer sur le rôle des forêts : quelle action concrète depuis ? Le plan biodiversité devait également s’appuyer sur les espaces forestiers préservés : quelles suites, mise à part la confirmation de la création du Parc National des forêts de feuillus de Champagne – Bourgogne lancé il y a quelques années. Autant de pistes d'actions à l'aune desquelles le nouveau Ministre pourra être jugé.
La forêt publique a un rôle majeur à jouer, en particulier avec son gestionnaire, l’ONF, en partie sous tutelle du Ministère chargé de l’environnement et dont la situation financière devra être stabilisée. Là aussi un chantier d'envergure.
Sans investissement forestier, pas de dynamisme de la filière bois, moins de captation/stockage de carbone! Pourtant, les investissements forestiers sont soumis à risques et faibles rendements, ils nécessitent donc un soutien public que deux décisions récentes viennent de conforter :
- l'ordonnance du 4 octobre 2017 portant modernisation du cadre juridique de la gestion d'actifs reconnait les Groupements Forestiers d'Investissement, sortes de SCPI permettant de ne plus avoir à supporter la gestion forestière tout en investissant dans la forêt;
- l'article 16 du 2e Projet de Loi de Finance Rectificative 2017 prévoit de prolonger jusqu'au 31/12/20 le dispositif DEFI-Forêt (Dispositif d'Encouragement Fiscal à l'Investissement forestier). Il s'agit d'une réduction d'impôt sur le revenu en faveur de l'investissement forestier concernant les acquisitions de bois et forêts (volet "acquisition") et les cotisations d'assurance versées pour couvrir les domaines forestiers, notamment contre le risque de tempête (volet "assurance"). Mais aussi un crédit d'impôt sur le revenu portant sur les travaux forestiers (volet "travaux") et les rémunérations dans le cadre d'un contrat de gestion (volet "contrat").
Deux chiffres éloquents :
La France avec 17 Millions d' hectares de forêts produit 26 Millions de m3 de bois alors qu'en Allemagne la forêt permet de produire 43 M m3 pour 11,4 M ha.
En France seuls 50% des coupes à blancs sont reboisés, soit 50 millions de plants / an contre 110 millions en 1994.
L’investissement forestier est le garant de l’avenir de l’industrie "filière bois" en France.
Les forêts sont largement ancrées dans des territoires dont les spécificités déterminent les usages qui en sont faits. Inversement, ces usages forestiers participent à l’identité des territoires. Il n’est donc guère étonnant que la notion de territoire soit prégnante pour les forêts. C’est pourquoi l’édition 2017 du colloque du réseau des sciences économiques, humaines et sociales (SEHS) du GIP Ecofor a été consacrée aux « approches territorialisées de la forêt ». Elle s’est tenue à Paris le 12 janvier et a réuni plus de 120 personnes autour de 32 communications de diverses natures : des travaux scientifiques bien sûr, mais aussi des retours d’expériences, des initiatives locales et des témoignages d’acteurs publics et privés. Le colloque a ainsi permis de réinterroger à la fois la notion de territoire et la place qu’y occupent les espaces boisés.Trois thématiques ont structuré l’ensemble des présentations : La fourniture de biens et services écosystémiques forestiers dans les territoires et la contribution des forêts à leur identité ; La forêt source de tensions dans les territoires car elle cristallise les débats citoyens sur les arbitrages à y effectuer ; Les territoires berceaux d’instruments innovants pour la forêt. C’est le fruit croisé de la dynamique des acteurs de terrain et du caractère multifonctionnelle des forêts.
les actes du colloque sont là : http://docs.gip-ecofor.org/public/Reseau_SEHS_Recueil_des_resumes_vf.pdf
j'ai tenté de répondre à la question de la valorisation forestière pour le développement des territoires
Un récent rapport soulignait la "sous-exploitation" de la forêt française. Or, les opportunité de dynamiser son utilisation sont d'actualité : loi sur l'abandon des hydrocarbures, prochaine Programmation Pluriannuelle de l'Energie, voire même Impôts sur la Fortune (l'immobilier)...
La forêt recouvre 1/3 du territoire national, en augmentation depuis la seconde guerre mondiale (5 M ha d’accru sur le foncier agricole principalement du à la déprise agricole) ; cette augmentation de surface se couple d’un accroissement en volume du fait d’un prélèvement inférieur à l’accroissement naturel.
Or, la Forêt est un domaine éminemment prévisible (on peut prévoir à long terme les volumes et les essences). Il est donc possible de tracer des perspectives d’utilisation de cette offre de bois (innovation dans les usages) pour revenir à l’équilibre prélèvement/croissance, c’est-à-dire à une gestion durable (cycle d’exploitation forestière équilibré).
En outre, une bonne utilisation de l’accru forestier permet de maximiser la capacité d’absorption de carbone de nos forêts tout en fournissant une filière potentiellement créatrice d’emplois et dont la balance commerciale est encore aujourd’hui déficitaire.
L’adaptation de l’offre à la demande ne peut se faire que sur le long terme pour respecter les cycles forestiers. C’est donc plutôt par la dynamisation de la demande – l’aval de la filière – que cette mobilisation sera rendue possible. Aujourd’hui de nombreuses innovations permettent d’envisager une plus grande utilisation de la fibre de bois, ressource renouvelable : les produits de la filière (hydrates de carbone) sont substituables à l’essentiel des produits de la pétrochimie avec l’avantage d’être renouvelable et neutre en termes de bilan carbone.
Outre les bâtiments de grande hauteur véritablement innovants mais peu adaptés à la ressource française (dont seul un tiers est composé de résineux), c’est par le développement des usages du bois dans nos usages quotidiens (vélo, lunettes…), l’apparition de nouveaux matériaux biossourcés (bois translucide), de nouveaux outils (imprimante 3D) que la ressource sera mobilisée. Le soutien à l’innovation, par exemple dans le plan Pisani-Ferry est l’opportunité de cette mandature (ce quinquennat) pour répondre aux objectifs cités, comme l’a été – et continue – le Programme des Investissements d’Avenir.
A l’heure où le parlement vote la fin de l’exploitation des hydrocarbures, il est nécessaire de réfléchir aux matériaux de substitution ainsi qu’aux énergies de demain et le bois est une des réponses possibles, rare matériau renouvelable et source d’énergie soutenable, dans le cadre d’une bonne gestion de la ressource. Outre le soutien à l’innovation déjà cité, les objectifs de la Programmation Pluriannuelle de l’Energie et l’accroissement du fonds chaleur seront les outils de ce développement.
Une autre voie de mobilisation de la ressource est la fiscalité. Le bois peut s’apparenter à une rente lorsqu’il est thésaurisé et non pas mobilisé dans des plans de gestion effectivement mis en œuvre. La soumission à un investissement productif/mise en œuvre du plan de gestion, de la defiscalisation de la forêt de l’impôt sur le patrimoine immobilier peut être une piste en ce sens.
Le bois est une opportunité pour la France et une chance pour la planète. Saisissons-là !
Lancé en décembre 2016, cet appel à projets national, financé par le Fonds stratégique de la forêt et du bois (FSFB), a recueilli 111 candidatures : 89 projets à l'échelon régional et 22 projets à l'échelon national. Au terme d'un processus de sélection régional puis national, 35 projets ont été retenus, dont 13 devront faire l'objet d'une révision de leur périmètre. Tous les porteurs de projets seront avertis individuellement.
Les 29 projets régionaux retenus se répartissent dans 11 régions métropolitaines et deux départements d'outre-mer (Guadeloupe et Guyane). En outre, 6 projets d'envergure nationale ont été retenus.
La sélection a mis l'accent sur les projets d'investissement les plus innovants et les plus opérationnels à court terme. Ceux-ci couvrent l'ensemble des thématiques du Programme national de la forêt et du bois (PNFB) : connaissance, exploitation et valorisation de la ressource forestière, adaptation de la ressource et de la sylviculture au changement climatique, gestion durable de la forêt.
Comme l'imposait le cahier des charges, les projets sont collectifs et marqués par la diversité des acteurs, soit comme porteurs de projets soit comme partenaires, puisque des organismes de recherche, des entreprises privées, des coopératives forestières, des établissements publics forestiers… sont représentés.
Région | Nom et description du projet | Nom du porteur de projet |
Auvergne-Rhône-Alpes | Mobiliser à l'échelle territoriale par l'innovation et la synergie (METIS) |
URACOFOR ARA |
Bourgogne-Franche-Comté | Adapter les process de transformation du Douglas | CNPF / CRPF Bourgogne-Franche-Comté |
Centre Val-de-Loire | Du peuplier pour l'avenir | CNPF / CRPF Ile-de-France Centre |
Corse | Exploitation par câble-mât en Corse | SAS ABC |
Grand Est |
Extractibles forestiers de l'Est |
INRA Grand-Est Nancy |
Grand Est | Le TVS 20 | SAS Vigneau Matériel Forestier |
Grand Est | Optimisation des travaux sylvicoles post-tempête | AgroParisTech centre de Nancy |
Grand Est | Forêt Irrégulière Ecole : un « Forest Lab » pour innover et partager | Pro Silva France |
Grand Est | Mise en place d'outils de cartographie de la ressource pour le suivi de la gestion forestière par télédétection | CNPF / CRPF Grand-Est |
Hauts-de-France | Qualification de la ressource en amont et commercialisation des bois vers l'aval | Nord Picardie Bois |
Normandie |
FERTICENDRES |
Biomasse Normandie |
Nouvelle-Aquitaine | Douglas : du plant à l'arbre | Groupe Coopération forestière (GCF) |
Nouvelle-Aquitaine | Ressources génétiques et innovation variétale chez le pin maritime | INRA Bordeaux-Aquitaine |
Nouvelle-Aquitaine | Taeda de France | SARL Pépinières Naudet |
Nouvelle-Aquitaine | MOBIBOIS PYRLIM | ONF Pyrénées Atlantiques |
Nouvelle-Aquitaine | Chaîne numérique d'informations au service de la compétitivité des entreprises | Comité de développement Forêt Bois Aquitaine (CODEFA) |
Nouvelle-Aquitaine | Observatoire « territoires-gibiers » | Groupement d'Intérêt Public Aménagement de Territoire et Gestion des Risques (GIP ATGeRi) |
Nouvelle-Aquitaine | NEOSYLVAQ | Cabinet COUDERT |
Nouvelle-Aquitaine |
Qualification spatialisée de la ressource en pin |
Syndicat des Sylviculteurs du Sud-Ouest (SSSO) |
Occitanie | Développer et valoriser le dispositif « Forêt Irrégulière Ecole » un concept unique et précurseur en France | CNPF / CRPF Languedoc-Roussillon |
Occitanie | INNOV'ILEX : la gestion durable du chêne vert au service de son innovation ! | CNPF CRPF Occitanie |
Occitanie | MécaFOx – Mécanisation de l'exploitation des feuillus en Occitanie | Alliance Forêts Bois (AFB) |
Provence Alpes Côte d'Azur |
MEDForFUTUR |
CNPF / CRPF Provence Alpes Côte d'Azur |
Pays de la Loire |
CONQueTh Capacité d'Occupation du Nord par les Qurercus Thermophiles |
CNPF CRPF Bretagne Pays de la Loire |
Guadeloupe |
Développement de la mobilisation de la ressource en Mahogany et autres essences en Guadeloupe |
ONF DR Guadeloupe |
Guyane |
PLATEXFOR |
ONF DR Guyane |
Guyane |
Banque de semences forestières de Guyane Française |
SCEA L'AgroForestière |
Guyane |
CartoDiv |
Institut de recherches pour le Développement (IRD) |
Guyane |
DendroLidar |
Institut de recherches pour le Développement (IRD) |
Projet national |
RESeau national multiPartenaire d'Evaluation de Ressource gENétiques foreStièrEs pour le futur - ESPERENSE |
RMT AFORCE |
Projet national |
Forêts-21 |
INRA Bordeaux |
Projet national |
Adaptation des pépinières forestières françaises à l'environnement de demain |
Syndicat National des Pépiniéristes Forestiers (SNPF) |
Projet national |
Exosquelettes pour le travail en forêt (EXTRAFOR) |
EXHAUSS |
Projet national |
Sécurisation de l'approvisionnement en Matériel Forestier de Reproduction (graines et plants) en quantité et en qualité dans un contexte de changements globaux (SECUR-MFR) |
INRA Orléans |
Projet national | XYLODENSMAP | INRA Grand-Est Nancy |