Blog d'Étienne Pourcher
Le récent rapport du GIEC a montré les conséquences catastrophiques d'un dépassement des 1,5 degrés de hausse moyenne des températures. Ce sujet devrait être la priorité numéro un des gouvernements car il en va de la survie des espèces dont la nôtre. Le Gouvernement français va dévoiler prochainement ses propositions à travers une Programmation Pluriannuelle de l'Energie. Notre responsabilité collective est donc grande.
Les questions connexes dans le choix des énergies de demain sont :
1) l'indépendance énergétique : aujourd'hui la France importe la quasi totalité de ses hydrocarbures, mais également l'uranium et ses combustibles nucléaires. Les approvisionnement viennent souvent de pays peu stables, ce qui fragilise notre indépendance.
2) les déchets et le caractère renouvelable : exploiter des ressources terrestres pour les épuiser, laisser des déchets aux générations futures n'est pas saisfaisant. Avec le vent, le soleil, la mer et le bois, les sources d'énergies se renouvellent
3) les conditions économiques : aujourd'hui solaire et éolien, y compris éolien offshore, vendent leur production sur le marché de l'énergie sans subvention publique; l'éolien, y compris offshore est moins cher que les nouvelles capacités de production d'électricité, y compris nucléaire comme le montre le marché du Royaume Uni. Par ailleurs, l'éolien crée des filières industrielles en Europe et donc en France. L'Observatoire des Energies de la Mer a montré que l'éolien en mer a déjà créé plus de 2500 emplois en France (www.merenergies.fr)
La balle est dans le camp du gouvernement.
Sans investissement forestier, pas de dynamisme de la filière bois, moins de captation/stockage de carbone! Pourtant, les investissements forestiers sont soumis à risques et faibles rendements, ils nécessitent donc un soutien public que deux décisions récentes viennent de conforter :
- l'ordonnance du 4 octobre 2017 portant modernisation du cadre juridique de la gestion d'actifs reconnait les Groupements Forestiers d'Investissement, sortes de SCPI permettant de ne plus avoir à supporter la gestion forestière tout en investissant dans la forêt;
- l'article 16 du 2e Projet de Loi de Finance Rectificative 2017 prévoit de prolonger jusqu'au 31/12/20 le dispositif DEFI-Forêt (Dispositif d'Encouragement Fiscal à l'Investissement forestier). Il s'agit d'une réduction d'impôt sur le revenu en faveur de l'investissement forestier concernant les acquisitions de bois et forêts (volet "acquisition") et les cotisations d'assurance versées pour couvrir les domaines forestiers, notamment contre le risque de tempête (volet "assurance"). Mais aussi un crédit d'impôt sur le revenu portant sur les travaux forestiers (volet "travaux") et les rémunérations dans le cadre d'un contrat de gestion (volet "contrat").
Deux chiffres éloquents :
La France avec 17 Millions d' hectares de forêts produit 26 Millions de m3 de bois alors qu'en Allemagne la forêt permet de produire 43 M m3 pour 11,4 M ha.
En France seuls 50% des coupes à blancs sont reboisés, soit 50 millions de plants / an contre 110 millions en 1994.
L’investissement forestier est le garant de l’avenir de l’industrie "filière bois" en France.
C'est à Saint-Nazaire qu'a été inaugurée Floatgen, la première éolienne en mer de France, flottante. Conçu par Ideol, le flotteur béton réalisé par Bouygues Construction a permis le montage d'une éolienne et sera testé sur le site de test en mer Semrev de l'Ecole Centrale de Nantes. Elle a été baptisée ce vendredi 13 octobre par Catherine Chabaud, en présence du Secrétaire d'Etat Sébastien Lecornu et de nombreuses personnalités et représentants de la filière.
C'est une première en France où aucune éolienne en mer n'est encore installée contrairement aux autres pays européens qui ont installé, depuis le début des années 1990, plus de 13 GW soit 3 000 éoliennes en mer. En France, 6 parcs sont en cours de développement pour l'équivalent de 3 GW et devraient voir le jour à partir du début des années 2020.
La France en retard?
Si la France est partie plus tardivement que les autres pays européens, elle a également mis en place des procédures administratives longues et complexes qui allongent les durées de réalisation des parcs (et donc le coût final) ainsi que des recours systématiques de certains opposants. Des améliorations sont intervenues ces dernières années, S. Royal instaurant une cour administrative d'appel unique pour accélérer les recours, une nouvelle procédure dite de "dialogue concurrentiel" pour accélérer la phase administrative. Est actuellement à l'étude l'octroi d'un "permis enveloppe" comme cela se pratique au Danemark ou au Royaume Uni permettant d'anticiper les études nécessaires lors de l'attribution des autorisations.
Pour autant, ces projets européens ne concernent que des parcs d'éoliennes sur des supports posés (on installe l'éolienne sur un pieu posé sur le fond marin), ce qui n'est envisageable que jusqu'à certaines profondeurs (environ 50 m). Pour aller plus au large, ou s'adapter à des configurations comme en Méditerranée où ces profondeurs sont atteintes très près des côtes), de nouveaux types de supports flottants sont actuellement testés. Seules quelques éoliennes dans le monde ont jusqu'ici fait l'objet d'essais : au Portugal, en Norvège ou encore au Japon. Avec Floatgen à Saint-Nazaire la France se place ainsi dans le peloton de tête de cette technologie. Après les prototypes, les petites séries : 4 sites ont été attribués en 2016 pour cela : en Bretagne et en Méditerranée, pour une mise en service au début des années 2020.
Un pilier de la transition énergétique?
Alors qu'une étude américaine récente a montré que l'éolien en mer, où les vents sont plus puissants et plus réguliers, pourrait fournir en énergie le monde entier, il est clair que l'éolien en mer sera un des piliers du mix énergétique français. La prochaine Programmation Pluriannuelle de l'Energie dont N. Hulot vient de lancer la concertation devra permettre de se fixer des objectifs à l'horizon 2028 permettant aux énergies renouvelables de monter en puissance et permettant à la France d'atteindre ses engagements européens ou internationaux (COP 21).
Si les salariés des centrales nucléaires en voie de fermeture ou des centrales au charbon promises au même destin peuvent légitimement s'inquiéter, le secrétaire d'Etat Lecornu a rappelé que N. Hulot s'est engagé à ce que des contrats de transition énergétiques permettent aux salariés de se reconvertir et de retrouver des perspectives optimistes.
Une opportunité pour la France
Car les emplois dans les nouvelles sources d'énergies peuvent être nombreux si notre pays sait en saisir l'opportunité. Le récent rapport de l'Observatoire des Energies de la Mer (www.merenergies.fr) a montré que, même si aucune éolienne n'était encore installéé en mer en France, en 2016, plus de 2 000 emplois avaient été créés pour développer ces technologies, ces futurs parcs et exporter (75% du chiffre d'affaires français en 2016 dans cette filière a été réalisé à l'export).
Avec un projet clair : des volumes à installer dans un calendrier bien défini - et tenu grâce à des procédure simplifiées et accélérées -, la filière des énergies de la mer créée des emplois d'avenir.
Un coût pour le consommateur?
Le coût des premiers parcs français correspond au lancement de la filière, pas encore de séries industrielles permettant les économies d'échelle et volonté de créer une filière française avec des usines (turbines et nacelles ainsi que sous-stations électriques et fondations à Nantes Saint-Nazaire aujourd'hui; demain hydroliennes, pales d'éoliennes à Cherbourg ainsi que pales et nacelles au Havre, sans compter les nombreuses PMI dans toutes les Régions (cf www.merenergies.fr).
L'évolution des prix de l'éolien en mer est tout à fait enthousiasmante puisque les derniers parcs attribués aux Pays-Bas ou au Royaume Uni sont aux prix de marché, en Allemagne des parcs sont attribués sans aucune subvention publique. La France bénéficiera sans doute des retours d'expérience européens.
Alors l'inauguration de la première éolienne flottante en France ce vendredi lève un voile sur ce que pourrait être notre futur énergétique et nos emplois de demain!
Le Premier rapport de l'observatoire des énergies de la mer (www.merenergies.fr) voulu par le Cluster Maritime Français et dévoilé lors des Assises des énergies marines renouvelables du Syndicat des Energies Renouvelables, au Havre à l'occasion de la convention d'affaires Seanergy, a permis de montrer l'état réél de la filière en France.
Sans extrapolation ni estimation, notre rapport a reçu près de 200 réponses d'entreprises impliquées dans la filière, soit plus de 60% de taux de réponse, montrant à la fois que, si les parcs français n'ont pas encore vu le jour au large de nos côtes, les entreprises et acteurs de la recherche et de l'innovation ont comencé à investir (plus d'1,3 milliards d'euros) aux côtés de l'Etat et des collectivités. Déjà plus de 2000 emplois ont été recensés au 31/12/2016, répartis sur tout le territoire littoral et ses régions. Si la Région Pays de la Loire tire son épingle du jeu c'est suite aux décisions d'implantations industrielles comme GE (ex-Alstom) à Saint-Nazaire (usine de frabrication de nacelles) et Nantes (centre d'ingénierie) ou encore des choix d'investissements comme STX avec son usine dédiée aux sous-stations et fondations : Anemos. Les autres Régions ne sont pas en reste comme PACA avec des PMI prometteuses, la Normandie qui vient de voir confirmer l'implantation d'une usine Naval énergies en cours de construction pour l'assemblage d'hydroliennes et de LM Wind Power pour les pales, à Cherbourg. La Bretagne a engagé de nombreux investissements comme au port de Brest, l'Aquitaine développe son site de tests Seeneoh pour l'hydrolien estuarien et Hauts de France est dans la phase de dialogue compétitif pour un futur parc au large de Dunkerque. Occitanie, qui accueille 2 des 4 fermes pilotes d'éolien flottant et qui dispose du plus fort potentiel national sur cette technologie se donne pour ambition d'être Région à énergie positive.
Ce volontarisme et ces investissements permettent à nos entreprises d'exporter (en majorité des TPE et PME dans cette phase d'émergence de la filière mais dont les emplois sont répartis en trois tiers entre TPE/PME, ETI et Grandes entrerises). 75% du Chiffre d'affaires réalisé en 2016 l'a été dans les autres pays européens montrant le potentiel de la chaine de valeur française.
A l'aube du déploiement des premiers parcs français, il y a donc une réelle opportunité de croissance bleue pour la France. Au gouvernement de la saisir et de la booster en donnant des perspectives claires en termes de volumes à installer et de calendrier des appels d'offres nationaux, en simplifiant et acélérant les procédures administratives, bref en se rapprochant des standards européens... où les énergies de la mer sont en plein développement avec déjà plus de 12 GW installés soit l'équivalent en puissance de plusieurs centrales nucléaires.
Des amis bruyèrois m’ont demandé mon avis sur le devenir du site de sous-traitance automobile FICOSA de Bruyères dont la fermeture a été annoncée. Bien que je n’habite plus cette région pour des raisons professionnelles, j’y reste sentimentalement attaché et réponds donc volontiers à leur appel. Tout d’abord je voudrais adresser mon soutien le plus total aux salarié(e)s dans cette phase difficile de leur vie professionnelle et familiale. Existe-t-il un avenir pour « la CIPA » ?
Le site de Bruyères de FICOSA
Installée à Bruyères en 1962, en dépôt de bilan en 1986 puis reprise, avant d’entrer dans le groupe FICOSA international, qui, lui-même, reprend une partie des activités de l’italien Magneti Marelli, du groupe Fiat, qui possède une autre usine de production de rétroviseurs à Dieuze, en Moselle, l’usine de Bruyères produit, depuis l’origine, des rétroviseurs.
Panasonic
Le domaine des systèmes embarqués dans l'automobile ou de la « voiture intelligente » intéresse désormais les géants de l'électronique et de l'informatique. Voir la « google car ».
Le groupe nippon Panasonic veut également se faire une place sur le marché de la voiture connectée et autonome du futur. Doté de technologies avancées, avec notamment le capteur le plus petit jamais développé pour ses appareils photo Lumix, Panasonic dispose de nombreux atouts pour le développement des technologies d’assistance à la conduite. Il fournit d’ores et déjà les constructeurs japonais en circuits intégrés, capteurs, censeurs et autres radars nécessaires à l’autonomisation des véhicules.
Le groupe japonais Panasonic, a réalisé, il y a tout juste un an, un investissement estimé entre 143 et 215 millions d'euros dans Ficosa (49% de la société ), sous-traitant automobile espagnol spécialisé dans la production de rétroviseurs.
Panasonic entre dans le groupe FICOSA
Afin d’élargir sa base de clientèle, Panasonic entend désormais se développer sur le Vieux Continent pour vendre notamment des produits mêlant les technologies des deux sociétés comme les caméras de recul ou les rétroviseurs caméras.
Les deux entreprises unissent leurs forces pour produire le rétroviseur intelligent de demain, capable d'analyser son environnement, qui pourrait être utilisé dans les "Google car" par exemple.
Un avenir pour Bruyères ?
Alors que cette opportunité d’innovation pourrait offrir des perspectives locales, le site de Bruyères est promis à la fermeture. « A Bruyères il y a 75 personnes et des bâtiments anciens, à Dieuze 248 personnes et des bâtiments plus modernes », selon André Delecourt, Directeur qui s’exprimait sur une radio locale. Il n’y a donc pas de problème de qualité et l’entreprise est bénéficiaire. Juste un doublon avec un autre site lorrain.
Comment sauver Bruyères ?
Il me semble qu’il faut déjà, s’il en est encore temps, se remettre au niveau bâtimentaire du site de Dieuze : les collectivités peuvent y aider en offrant les conditions d’un site rénové, voire, neuf (le secteur ne manque pas d’espace…). J’avais déjà proposé, il y a un an passé, de résoudre en priorité la question du bâtiment de la papèterie de Docelles par un achat du site par les collectivités sans attendre les longues procédures judiciaires et je suis désolé aujourd’hui que cette solution n’ait pas été suivie et suis de tout cœur avec ses salariés.
La question de la logistique entre les deux sites doit également être traitée : leur proximité et les technologies de communication doivent le permettre.
Reste à montrer que Bruyères peut-être complémentaire de Dieuze et utile pour le groupe.
Un projet peinture a vu le jour, qui doit être soutenu pour maintenir une activité.
Parallèlement, il serait judicieux, à mon avis, de proposer un plan de développement intéressant pour le groupe comme pour ses salariés ; diversifier par l’innovation, les capacités du site vosgien. En s’appuyant tant sur l’IUT de Saint-Dié-des-Vosges ainsi que, pourquoi pas, le « pôle images » d’Epinal le site de Bruyères a des atouts en termes de formation voire de recherche pour monter des projets collaboratifs innovants avec le groupe. La plateforme d’innovation du CIRTES de Saint-Dié-des-Vosges sera un autre argument décisif dans ce projet de développement. Pourquoi ne pas imaginer également, avec le circuit « Geoparc » de Sain-Dié-des-Vosges, un circuit d’essai pour prototypes afin de tester les innovations sur véhicules connectés. L’environnement industriel local spécialisé dans la sous-traitance automobile sera de nature à rassurer un investisseur international.
Voici quelques pistes, j'espère qu'elles seront utiles.
Il est donc urgent de rencontrer, au plus haut niveau, les dirigeants de FICOSA et de Panasonic pour leur proposer un plan de développement accompagné et partagé par le territoire, pour leur site de Bruyères. C’est possible !
Le groupement d’intérêt économique et environnemental forestier (GIEEF) instauré par la loi d’avenir pour l’agriculture, l'alimentation et la forêt, du 13 octobre 2014 est désormais opérationnel suite à la publication du décret n° 2015-728 du 24 juin 2015.
Il permettra aux propriétaires forestiers privés de gérer durablement leurs forêts de façon concertée tout en améliorant la mobilisation des bois et en prenant en compte les enjeux environnementaux au niveau d’un territoire donné. Ce territoire géographique devra comporter une surface suffisante (au moins 300 ha ou au moins 20 propriétaires pour une surface d’au moins 100 ha avec des conditions particulières en zone de montagne). Les GIEEF sont des regroupements volontaires de propriétaires forestiers privés.
Stéphane LE FOLL a indiqué : « L’entrée en application du GIEEF, quelques mois seulement après l’adoption de la loi d’Avenir pour l’agriculture, l’alimentation et la forêt, doit permettre de gérer durablement la forêt française tout en contribuant à dynamiser la gestion de la forêt française. »
Dans une récente tribune (Le Monde daté du 25/04/15), Emmanuel Macron propose de « retrouver l’esprit industriel du capitalisme ».
Après avoir utilement rappelé que c’est le soutien des pouvoirs publics qui a permis à l’énergie entrepreneuriale d’engager les plus belles réussites industrielles de notre pays, grâce à des choix industriels de long terme, il pose le constat d’un changement récent de paradigme : privatisations des années 90, réorientation de l’épargne vers l’immobilier et l’assurance vie… La France est donc « entrée dans une ère de capitalisme naïf qui conduit à privilégier les intérêts des actionnaires aux stratégies de court terme » pour qui c’est la spéculation qui motive.
On le constate effectivement ces 10/20 dernières années avec la désindustrialisation accélérée de la France où la part de l'industrie dans le PIB est passée de 35% en 1970 à moins de 20% actuellement. Dans des régions historiquement industrielles comme la Lorraine, le Nord, c’est une vérité palpable. Cette désindustrialisation n’est pas toujours due aux mutations industrielles (acier, textile…) mais aussi, effectivement, aux vues à court terme, à la recherche du profit plus qu’à la vision industrielle : les grands groupes doivent rendre des comptes (et donc des dividendes maximisés) à leurs actionnaires, parce que les détenteurs de capitaux vont les placer là où le rendement est meilleur ; on voit alors vendre voire fermer des activités rentables, mais qui ne dégagent pas assez de profit à court terme, je pense par exemple à la fermeture de la plus vieille papeterie de France à Docelles par le groupe UPM, alors même qu’elle dégageait des bénéfices… Pire encore lorsque les actionnaires sont des fonds de pensions ou fonds spéculatifs.
Seules les PME (Petites et Moyennes Entreprises) et ETI (Entreprises de Taille Intermédiaire), à capitaux souvent familiaux, peuvent parfois échapper à cette vision. Peut-être est-ce l’explication de la meilleure résistance de l’Allemagne à la désindustrialisation. A l’inverse, là où le capitalisme financier de court terme a pris l’ascendant comme en Angleterre, la désindustrialisation est accélérée (aujourd’hui 10% seulement du PIB y est issu de l’industrie).
Or, notre économie – et donc nos emplois – ont besoin de permettre l’émergence de nouvelles filières industrielles innovantes, qui commencent par coûter cher avant d’atteindre maturité et rentabilité, je pense ainsi aux énergies renouvelables par exemple. Notre économie a besoin de permettre aux start’up et PME innovantes de devenir des ETI, aux grands groupe d’innover.
La proposition d’E. Macron de transformation du capitalisme français pour une vision de long terme repose sur trois piliers : réorienter l’épargne des français vers les PME et plus largement les entreprises (création du Plan d’Epargne en Actions PME par exemple, épargne salariale étendue aux PME dans la loi qui porte son nom… « l’actionnariat individuel est un élément de stabilité » à la différence des fonds spéculatifs) ; réorienter les investisseurs institutionnels vers le financement de l’économie (fonds des caisses de retraites, assurances… qui ont besoin de long terme) ; le troisième pilier est le combat qu’il mène actuellement pour les « droits de vote double » : il s’agit de faire en sorte que les actionnaires non spéculatifs, qui gardent leurs actions au moins deux ans, aient plus de pouvoirs que les actionnaires spéculatifs.
Ces actions mises en place par le gouvernement me semblent aller dans le bon sens pour la réindustrialisation de notre pays qui a trop perdu d’emplois industriels ces dernières années. Elles s’ajoutent aux dispositions pour la compétitivité (Crédit d’Impôts sur la masse salariale) et l’innovation (Plans de la Nouvelle France Industrielle) initiées par le gouvernement de Jean-Marc Ayrault, tout comme la désignation d’un administrateur représentant les salariés au conseil d’administration des sociétés depuis la loi de sécurisation de l’emploi du 14 juin 2013.
Il faut ajouter à cette réorientation du « capitalisme naïf » l’action des collectivités territoriales, en particulier des Régions qui mènent des politiques industrielles, par le soutien à la recherche, la formation et l’innovation qui permettent aux entreprises de gagner en compétitivité, d’innover et donc de développer l’emploi sur les territoires. Il en est ainsi, par exemple, de la filière des énergies marines renouvelables que la Région pays de la Loire promeut à travers un soutien à la recherche et l’innovation au sein d’un écosystème régional collaboratif. Cette filière entièrement nouvelle ne peut voir le jour sans une vision de long terme et des investissements lourds avec des soutiens comme l’aéronautique en son temps.
Enfin, cette politique n’aura de sens, à mon avis, qu’à travers une vision européenne de la politique industrielle. L’Europe a su le réaliser pour Airbus. C’est toute l’Europe qui doit se donner des règles nécessaires à une vision de long terme du capitalisme, à l’innovation et au développement industriel.
Le Préfet de région et le Président du Conseil Régional sont venus présenter au Conseil Général des Vosges le "pacte Lorraine". Voici ce que j'ai déclaré à cette occasion:
D’abord, je voudrais saluer la belle initiative que constitue ce « pacte Lorraine » ! Nous connaissons tous les moyens limités de l’Etat, du fait de l’accumulation de 40 ans de dettes, et malgré cela, Monsieur le Premier Ministre Jean-Marc Ayrault a souhaité orienter de forts moyens financiers exceptionnels pour notre Région Lorraine. Les Vosges dans la situation économique plus que difficile où elles se trouvent ont à prendre leur part de ce pacte.
J’avais sollicité, en juin dernier, lors de la présentation du rapport des services de l’Etat, une grande conférence vosgienne sur la compétitivité de notre industrie, l’attractivité de notre département. La compétitivité est le fruit de nombreux ingrédients comme les infrastructures – mais ce sera l’objet du Contrat de Plan Etat Région – le numérique – et les Vosges ont candidaté à l’appel à projet du Ministère concerné. La formation des salariés comme des entrepreneurs en est un élément clé. L’énergie aussi devient le point stratégique de compétitivité de nombreuses entreprises. J’étais récemment avec mon collègue Michel Humbert Conseiller Général et Maire de Raon l’Etape en discussion avec un gros industriel papetier pour lui demander ce que les collectivités pouvaient mettre en œuvre pour les aider à accroître leur compétitivité ; leur réponse a été que l’énergie représente 25% de leurs coûts ! Dans un contexte de raréfaction des énergies carbonées et de hausse des coûts des autres énergies historiques, nous devons donc travailler à développer des énergies nouvelles à renouvelables pour qu’elles atteignent rapidement un coût de production compétitif. Pour cela, les complexités et obstacles doivent être levés.
Ainsi, en travaillant à la compétitivité de nos entreprises, nous pourrons anticiper et innover :
Anticiper, c’est pour nous vosgiens, anticiper les mutations économiques. Je pense par exemple à la filière papetière : plutôt que de se mobiliser quand une nouvelle entreprise annonce sa prochaine fermeture, nous devons travailler avec la filière, qui s’est implantée historiquement dans notre département, sur les conditions de sa pérennisation et de son développement.
Innover, c’est promouvoir les filières où nous avons nos points forts, tourisme, filière bois – élu de l’Est du département, je suis heureux que nous puissions y travailler avec le GIPEBLOR pour qu’une grappe d’entreprises voit le jour -. Mais innover cela veut dire mettre en relation nos joyaux de recherche et transfert de technologie, comme le CIRTES à Saint-Dié-des-Vosges, et les entreprises de leur bassin économique car les connexions n’existent pas toujours suffisamment. Innover ce sera aussi s’appuyer sur les 34 plans industriels de ministère du redressement productif : comment aider nos entreprises vosgiennes, avec leurs savoirs-faire nombreux à s’insérer dans ces filières d’avenir ? C’est de notre responsabilité d’y contribuer.
Enfin, je souhaite que notre collectivité mobilise tous ses moyens sur cette stratégie pour les Vosges, en appui aux entreprises pour répondre ensemble, pour que nos entreprises prennent leur part de ce pacte pour la Lorraine, dans un esprit collaboratif. Si tel est le cas, j’en serai !