Blog d'Étienne Pourcher
La pose de la première fondation du parc éolien en mer de Saint-Nazaire par DEME et Eiffage pour EDF renouvelables est l'occasion de souligner que la transition écologique n'est pas "punitive" mais bien créatrice de nouveaux emplois. L'exemple en Loire-Atlantique. Notre département qui a vu le développement du 1er parc français au large de Saint-Nazaire en voit aujourd'hui l'aboutissement avec le lancement de sa construction après près de 10 ans de procédures!
Avant même le démarrage des travaux de construction de ce premier parc, c'est toute une filière industrielle qui a vu le jour dans notre département et déjà un millier d'emplois créés (qui vont donc se développer en core plus avec ce chantier). Concrétement, c'est l'usine GE d'assemblage de turbines à Montoir de Bretagne, les Chantiers de l'Atlantique qui se sont diversifiés dans la construction de sous-stations électriques en mer, un centre d'ingénierie GE à Nantes pour inventer les turbines de demain . Au-delà c'est tout un réseau de PME PMI qui ont pris le risque industriel de se développer sur ce marché et qui aujourd'hui créent de nombreux emplois, regroupés au sein du cluster Neopolia.
La Loire-Atlantique c'est aussi le pôle français d'excellence dans la recherche en matière d'énergies marines renouvelabels : l'Ecole Centrale qui mène des travaux de recherche d'excellence avec son bassin d'essai, l'IRT Jules verne et le pôle de compétitivité EMC2, le Pôle Mer Bretagne Atlantique et son antenne locale, le réseau Weamec des acteurs de la recherche, la soufflerie Jules verne...
Demain, l'éolien flottant installera des éoliennes encore plus productives plus au large! la Loire-Atlantique n'est pas en reste puisque son site de test en mer au large du Croizic, SEMREV, piloté par l'Ecole Centrale de Nantes a ccueille la première éolienne flottante de France, le projet Floatgen, depuis 2018!
En ce mois de juin 2019, près de 10 ans après la décision française de rattraper ses voisins européens pionniers en la matière en lançant des appels d'offres pour l'implantation de parcs éoliens en mer, cette technologie a (enfin) connu son top départ en France.
Première bonne nouvelle, le démarrage du 1er parc français, à Saint-Nazaire. Alors que plus de 4 000 éoliennes sont déjà installées en mer dans le monde, particulièrement en mer du Nord et mer Baltique - certaines depuis plus de 20 ans - aucune ne l'est en France, pourtant 2ème espace maritime mondial après les Etats-Unis. Seuls deux prototypes d'éolien flottant en Pays de la Loire et Bretagne y sont implantées. Après être partis plus tard que les autres pays leaders comme le Dabnemark, l'Allemagne ou encore le Royaume-Unis, la France a connu de nombreux retards dus aux méandres administratifs et nombreux recours. Depuis 2012, c'est le cas pour le projet de Saint Nazaire, pour lequel le Conseil d'Etat vient de rejeter définitivement le dernier des nombreux recours déposés. Avec ses autorisations en main, EDF va pouvoir lancer la construction de ce chantier colossal - près de 2 milliards d'euros d'investissements, des milliers d'emplois à la clé. C'est chose faite depuis le 14 juin avec la signature de constrats pour l'installation d'une sous-station électrique en mer qui sera construite aux chantiers de l'Atlantique ainsi que de 80 éoliennes de puissance 6 MW qui seront assemblées par Général Electric renewable energy à Saint Nazaire également, tout près de Nantes où elles sont développées, leurs pales venant de Cherbourg. C'est ainsi une filière et des emplois en France qui prend son envol. Il était temps! L'observatoire des énergies de la mer www.merenergies.fr a montré que déjà plus de 2000 emplois s'y préparent et que de nombreux investissements ont été réalisés. Le parc produira l'équivalent de 20% de la consommation électrique de toute la Loire-Atlantique!
Deuxième bonne nouvelle, le prix. L'Appel d'Offres pour la construction d'un parc similaire à Dunkerque dont le lauréat, EDF renouvelables, a été révélé ce même 14 juin, a montré que les prix de l'éolien en mer avaient fortement chuté ces dernières année, attaignant moins de 45 euros par MégaWattheure à Dunkerque, quand le Gouvernement imaginait initialement 60 à 70 euros initialement. De bonnes conditions physique du site, des conditions administratives améliorées et une filière qui gagne en compétitivité chaque année expliquent ce prix. C'est un prix proche des autres énergies renouvelables matures (le dernier appel d'offre en éolien terrestre s'est négocié en moyenne plutôt vers 60 euros) et même du nucléaire nouvelle génération (le projet d'Inkley Point au Royaume Unis a été attribué au prix de 107 euros).
Troisième bonne nouvelle, les volumes. La baisse des prix constatée est bonne pour le consommateur comme pour le contribuable (si le prix de marché de l'électricité passe au dessus de ces 45 euros, c'est même l'Etat qui touchera un bénéfice); cela permet donc d'envisager plus d'appels d'offres. C'est ce que le Gouvernement a promis d'inscrire dans le Programmation Pluri-annuelle de l'énergie en affichant 1 GigaWatt (GW) d'appel d'offres lancés chaque année en France dans les 10 prochaines années, pour l'éolien en mer, posé et flottant. A titre de comparaison, plus de 18 GW sont déjà installés en Europe - soit 4500 éoliennes - dont plus de 8 000 GW au Royaume Uni et plus de 6 000 en Allemagne. La France peut ainsi rattraper son retard, apporter une part essentielle de sa transition énergétique et créer de nombreux emplois.