Blog d'Étienne Pourcher
Dimanche j'ai participé au débat qui a suivi la marche contre les pesticides à Nompatelize. Il y a urgence! en 2002 (dix ans déjà!) j'avais pris le premier arrêté de France contre deux pesticides soupçonnés à l'époque de fortes responsabilités dans la mortalité les abeilles. Le Préfet de l'époque avait demandé au Tribunal Administratif de casser mon arrêté. Mais le Ministère avait retiré les produits du marché... pour mieux les autorisés un peu plus tard! Le 30 mars dernier, deux études scientifiques internationales prouvaient la responsabilité de ces pesticides sur les disparitions de colonies d'abeilles. Au-delà, c'est l'Homme qui est menacé avec de plus en plus de pathologies liées à l'usage des pesticides et les paysons sont en première ligne! que fait-on? le gouvernement vient d'autoriser leur épandage aérien. Historie de mieux les diffuser dans l'atmosphère?
Le Grenelle de l’environnement est bien loin désormais. Retards et reniements se sont multipliés pour vider de son sens une ambition qui avait été saluée par tous. Le gouvernement vient d’en donner un nouvel exemple retentissant avec la décision d’assouplir l’interdiction de pulvériser des pesticides par voie aérienne.
Selon « Le Monde » du 24 mars, une circulaire du ministère de l’agriculture datée du 5 mars donne la possibilité à ses services locaux d’accorder des dérogations pour 7 pesticides, pouvant prochainement être rejoints par 16 autres en cours d’évaluation à l’Agence Nationale de Sécurité Sanitaire de l’Alimentation, de l’Environnement et du Travail (ANSES).
La Loi Grenelle II du 13 juillet 2010 semblait pourtant claire. Elle interdisait la pulvérisation aérienne de ces produits et ne prévoyait que des exceptions strictement encadrées, et réservées au cas où cette pratique « présente des avantages manifestes pour la santé et l’environnement par rapport à une application terrestre »
Sur les 7 produits autorisés et destinés au traitement du maïs, du riz, de la vigne et des bananes, 6 sont classés dangereux pour l’environnement et nocifs sur le plan toxicologique. On voit donc mal ce qui peut justifier la mise en œuvre de ces dérogations si ce n’est la volonté de répondre rapidement et intégralement aux demandes des agriculteurs à la veille des élections présidentielles et législatives.
Hésitations sur les OGM, allègement des contraintes portant sur les élevages porcins et la protection de l’eau en Bretagne, recul sur le développement de l’éolien terrestre, fragilisation de la filière solaire française, et maintenant remise en cause de l’interdiction de pulvérisation aérienne des pesticides, ne sont que quelques exemples du bilan concret d’un gouvernement qui a trahi le Grenelle dès l’adoption des Lois qui en étaient issues.
Laurence Rossignol,
Secrétaire nationale à l’Environnement et au Développement Durable
Germinal Peiro,
Secrétaire national à l’Agriculture
Pesticides Cruiser : Bruno Lemaire s’affranchit des décisions du Conseil d’Etat en dépit du bon sens.
Les citoyens et les apiculteurs français se mobilisent sans relâche afin que l’apiculture soit enfin protégée. Ils manifestent encore leur colère aujourd’hui, dans Paris. Une protestation qui vise à dénoncer pour la énième fois l’attitude inacceptable du gouvernement. Les autorisations pour le Cruiser et le Cruiser 350 avaient été annulées, a posteriori, par le Conseil d'Etat pour 2008 et 2009 en février dernier. Mais dans l'attente d'une décision pour 2010, le Cruiser 350 continue à être commercialisé, en dépit de sa dangerosité avérée. Non content d’ignorer ces décisions, le ministre de l’Agriculture vient d’autoriser également le Cruiser OSR à la commercialisation pour les cultures de colza. Non seulement cela constitue un manque de respect de la législation, mais aussi un désintérêt condamnable pour les recommandations scientifiques, et surtout un immobilisme atterrant, alors que les agriculteurs attendent d’être accompagnés dans la transition vers une agriculture durable.
Les scientifiques ne cessent d’alerter sur la surmortalité extrêmement inquiétante des abeilles en Europe, qui si elle n’est pas endiguée, aura des conséquences néfastes multiples : près de 40% des fruits, légumes et oléagineux dépendent de l’action fécondatrice de ces insectes.
D’autres pays européens ont eu le bon sens d’interdire la commercialisation de produits contenant des composants toxiques pour les abeilles. Jusqu’à quand les pouvoirs publics s’entêteront-ils dans un modèle productiviste et polluant ? Quand seront enfin privilégiés les intérêts des agriculteurs plutôt que les intérêts financiers ?
Le Parti socialiste demande que ces autorisations soient immédiatement suspendues. Il défend un modèle agricole écologiquement et économiquement durable, loin de la politique menée par la droite, qui n’a fait qu’appauvrir et mettre en danger nos agriculteurs.