Blog d'Étienne Pourcher
François Hollande est notre nouveau président de la République. Les Français ont choisi le changement ; c’est la victoire de la France de l’espoir sur la France des peurs. Je voudrais tout d’abord remercier toutes celles et ceux qui se sont impliqués dans cette campagne, les militants qui ont travaillé sans relâche à cette victoire. Merci aux vosgiens qui ont apporté leurs suffrages au candidat du changement. Merci au peuple de France.
La victoire nous oblige. Elle nous oblige à ne pas décevoir quand tant d’électrices et d’électeurs ont montré leur désarroi tant au premier tour qu’au deuxième. Nombreux sont ceux qui ont peur de cette victoire. Laissons François Hollande agir et rassemblons-nous. C’est avec une France rassemblée que nous traverserons les épreuves, que nous redresserons la France, ensemble.
Les peurs et les divisions nous affaiblissent. Rassemblons-nous pour donner à François Hollande la force de changer l’Europe, aujourd’hui Europe de l’austérité pour tous alors qu’elle devrait être l’Europe protectrice que chacun attend. La victoire de François Hollande a fait se lever un immense espoir dans les peuples d’Europe. Dans le peuple d’Europe. Ne les décevons pas.
Rassemblons-nous pour donner à François Hollande la force de nous sortir de la crise économique, relancer la croissance (moi qui me suis beaucoup investi pour la filière bois dans cette campagne, véritable opportunité pour la France, j'espère qu'enfin une grande politique de la forêt verra le jour, par exemple). Pour une France plus juste où chacun contribue à l’effort selon ses moyens, où la fiscalité est réformée, une France plus juste où les territoires en difficultés, comme notre département rural ne sont pas oubliés, où la réforme territoriale est modifiée.
Rassemblons-nous pour donner à la France de nos enfants un avenir meilleur, de paix et d’unité.
Allez François, nous sommes avec toi. Au boulot !
Pour la France. Pour tous les Français.
Une forte participation, Sarkozy en baisse, Hollande et la gauche en hausse
Les Vosgiens se sont exprimés. Avec 82% de participation, au-dessus de la moyenne nationale, ils ont voulu se mobiliser pour faire passer des messages. Nicolas Sarkozy est arrivé en tête avec 25,32% des suffrages exprimés soit 57 964 voix en baisse de 3,7% (il avait obtenu 29,05% en 2007) puisqu’il a perdu 12 054 électeurs vosgiens en 5 ans ! François Hollande sort deuxième de ce scrutin dans les Vosges avec 24,68% soit environ 2% de plus que Ségolène Royal, la candidate socialiste de 2007, avec 56 495 électeurs vosgiens, soit un gain de 1 613 voix. Cette progression de François Hollande dans les Vosges, alors que le candidat sortant est en forte baisse, s’effectue alors que Jean Luc Mélenchon avec 22 162 voix et 9,68% gagne plus de 19 535 voix par rapport à Marie Georges Buffet en 2007 ! On peut donc dire que la gauche progresse dans notre département avec une expression de colère sociale forte, dans le vote Front de Gauche, notamment mais pas seulement.
Le score du Front National
Car l’autre enseignement du scrutin est le résultat obtenu par le Front National. Le vote Le Pen entre les deux scrutins de 2007 et 2012, dans les Vosges, passe de 15,66% à 24,18%, soit un gain de 17 590 voix. Dans la circonscription de Saint-Dié, le vote Le Pen est arrivé en tête. Dans le canton de Brouvelieures, il atteint des scores historiques, comme dans ma propre commune. Cela doit questionner tous les responsables politiques. Ces électeurs qui n'adhèrent pas forcément aux idées du FN, expriment, avant tout, selon moi, un amoncèlement de nombreuses colères.
D’abord une colère vis-à-vis de la classe politique en général, une prise de distance par rapport à la parole des politiques, issus des partis de gouvernement, de droite et de gauche. Colère et volonté de changement par rapport à une accumulation de promesses non tenues ; M. Sarkozy en porte une large part de responsabilité : après 5 ans de discours rarement suivis d’effets, ou de silences sur les cadeaux aux lobbies proches du pouvoir – je pense à l’autorisation d’épandre des pesticides par avions sur nos campagnes, prise en catimini récemment par le gouvernement au mépris de notre santé mais pour le plus grand bonheur des grandes firmes de chimie – J’ai soutenu la confédération paysanne des Vosges qui le dénonçait ce samedi. Les gens en ont marre d’être pris pour des pigeons par une classe politique qui leur fait de beaux discours mais qui agit autrement. Oui, ces années de mensonges nécessitent plus que jamais de ne pas décevoir.
Colère par rapport à une mondialisation sans règles, où nos entreprises se voient imposer des normes sociales et environnementales quand nous acceptons d’importer à bas coût venant de pays qui ne respectent pas ces normes – et où parfois, nos propres entreprises ont déjà délocalisé leur production. Colère face à cette mondialisation où la finance semble avoir pris le pouvoir, finance pour qui M. Sarkozy et son gouvernement ont tout offert pour sortir les financiers de la crise quand les employés et les ouvriers doivent se serrer la ceinture
Colère et volonté de changement aussi par rapport à une Europe qui n’est annonciatrice que d’austérité alors qu’elle devrait être facteur de croissance, Europe qui, pour beaucoup, symbolise la mondialisation libérale alors qu’elle devrait protéger.
Notre département a beaucoup souffert de la désindustrialisation, des pertes d’emplois, fermetures d’usines, abandon des services publics. Et après, on s’étonne qu’il y ait des suffrages qui se portent sur des candidatures qui expriment des colères ? depuis 5 ans le chômage augmente, les Vosges ne sont pas épargnées, les jeunes ne trouvent pas d’emploi, les femmes sont souvent condamnées au temps partiel – avec maintenant de forts reculs de pouvoir d’achat comme le vivent actuellement les salariés de l’Admr – les seniors sont écartés des entreprises et ceux qui ont un travail se rendent à l’usine la peur au ventre, peur d’une charrette de licenciements, peur de fermeture du site par des actionnaires qui estiment qu’il ne produit pas assez de bénéfices, même s’il est rentable…
Ces difficultés sociales sont parfois amplifiées dans le monde rural dont les habitants voient leur pouvoir d’achat diminuer : hausse du prix du fuel pour se chauffer et envolée du prix des carburants alors que les déplacements y sont nécessaires. Hausse des impôts locaux aussi, que les collectivités comme le Conseil Général justifient par les transferts de charges de l’Etat. J’en veux pour exemple le récent vote d’une hausse de plus de 8% pour 2012 des taxes du Conseil Général des Vosges (cela représente plus de 5 millions d’euros prélevés en plus !)
Colère face aux injustices quand les cadeaux fiscaux sont pour les grandes familles, les plus haut revenus, les très grosses entreprises et les augmentations de taxes pour nous tous. La France a besoin de justice fiscale, que l’effort porte sur ceux qui ont le plus pour être redistribué vers la grande majorité de ceux qui ont le moins. S’il y a des impôts à relever c’est ceux sur le capital, pas la tva. Les efforts, il en faudra, les vosgiens ne sont pas naïfs. Mais ils doivent être équitablement répartis, ce qui n’est pas le cas aujourd’hui quand la majorité des gens a l’impression d’être pris en étau entre ce qu’ils appellent les assistés et les élites. Les efforts doivent aller au plus grand nombre, pour une action efficace de l’Etat et notamment financer les services publics partout et pour tous.
Dans les Vosges, tous nos députés et sénateurs sont membres de la majorité UMP et les Vosges n’ont pas été épargnées par les fermetures de services publics : combien de tribunaux fermés depuis 2007, allongeant d’autant les démarches pour les habitants ? combien de gendarmeries fermées ? combien d’écoles fermées ? Il y a une angoisse du monde rural qui se sent abandonné des services publics. Et puis il y a la réforme territoriale : dans le monde rural il y a eu un ras le bol des nouvelles structures intercommunales pour lesquels les habitants du monde rural ont ressenti un dictat de l’Etat.
Quand il y a des usines qui ferment quand il n’y a pas de soutien à l’activité, quand les territoires ruraux se sentent abandonnés, alors il peut y avoir une désespérance. Le vote Le Pen a été à la confluence de toutes ces colères.
Ces votes d’angoisses et de colères, nous devons les comprendre mais pas les justifier. Nous devons y répondre pour ne pas laisser de nombreux électeurs dans l’impasse du Front national : vote de contestation, vote de colère, vote des oubliés, vote de repli, vote de rejet … Le vote Le pen est un peu de tout cela à la fois, mais c’est en tout cas un vote qui n’apportera rien à celles et ceux qui l’expriment. Plus que de protestation stérile, les Vosges comme la France ont besoin de changement.
Oui, François Hollande s’est engagé à stopper la politique aveugle du non remplacement d’un fonctionnaire sur deux pour, par exemple, remplacer les enseignants partant en retraite et ainsi donner de meilleures conditions pour nos enfants. Oui, François Hollande s’est engagé à créer des emplois pour les jeunes afin de leur redonner une espérance tout en permettant aux séniors de leur transmettre leurs connaissances de l’entreprise. Oui, François Hollande veut réorienter l’Europe vers la croissance et l’emploi plutôt que l’austérité imposée par les dirigeants actuels. Oui, François Hollande s’est engagé à revenir à des échanges commerciaux plus justes pour ne pas pénaliser nos produits « made in France ». Oui, François Hollande s’est engagé à remettre de l’ordre dans le budget de la France dont la dette a explosé en 5 ans. Oui, François Hollande s’est engagé à tenir ses promesses, alors que le président sortant n’a fait que les renier depuis 5 ans.
Voilà pourquoi la seule réponse possible, après ce quinquennat d’échecs et de renoncement, est que François Hollande soit le président d’une République apaisée - nous redresserons la France en nous rassemblant, pas en nous montant les uns contre les autres, tournée vers l’amélioration la vie quotidienne des citoyens, l’emploi, le pouvoir d’achat, la santé, la transition vers une économie créatrice d’emplois et respectueuse de notre environnement.