Blog d'Étienne Pourcher
Le débat fait rage depuis plusieurs mois, même s'il a atteint son paroxysme cette semaine, sur la politique économique la mieux adaptée à notre situation de croissance faible, d'inflation réduite, de dette élevée, de déficit du commerce extérieur croissant. Cette situation que connait la France depuis de nombreuses années a conduit à la désindustrialisation de notre pays et à un nombre de chômeurs très élevé.
Les partisans d'une politique de la Demande réclament des hausses de pouvoir d'achat pour les Français afin de soutenir la consommation, c'est-à-dire la demande adressée aux entreprises qui devront alors investir et embaucher pour y répondre. Cependant cette solution qui a fonctionné à de nombreuses reprises butte aujourd'hui sur deux eccueils : l'endettement de l'Etat tellement important que les marchés, comme ce fut le cas pour la Grèce, peuvent renoncer à prêter : sans possibilité de s'endetter, l'Etat doit trouver des recettes nouvelles pour distribuer du pouvoir d'achat (salaires des fonctionnaires, transferts sociaux, dotations aux collectivités locales...). Le deuxième éccueil tient à la compétitivité de nos entreprises : comme le montre le déficit de notre commerce extérieur, nous achetons plus de produits aux autres pays que nous leur en vendons. Parce que nos produits sont moins fiables ou alors trop chers. relancer la consommation en France pourrait alors se traduire par plus d'achats de produits étrangers et donc pas d'investissement ni d'embauche dans nos entreprises...
Face à ces difficultés, les partisans d'une politique de l'offre partent, au contraire, du constat du manque de compétitivité de nos entreprises sur les marchés européens et mondiaux et réclament des mesures propres à aider les entreprises à accroître leur compétitivité : c'est l'objectif du CICE (réduction de cotisations salariales des entreprises) mis en place par le Gouvernement Ayrault et, demain, du pacte de stabilité. Cette politique rencontre, elle aussi, des obstacles : la baisse des coûts de production des entreprises ne doit pas se retrouver dans le salaire des grands patrons ou les dividendes des actionnaires mais dans les embauches et les investissements. Il n'est pas question ici de "cadeaux" aux patrons mais d'aides aux entreprises (jusqu'ici, d'ailleurs, les 50 milliards de réductions des dépenses publiques n'ont pas encore été redistribuées alors même que les entreprises ont connu un accroissement de 30 milliards d'euros d'impôts depuis 4 ans). L'autre éccueil est celui de la patience : au contraire de la consommation qui a un effet immédiat, la compétitivité se mesure en mois ou en année avant de retrouver des clients.
Alors que faire? Il faut trouver des mesures pragmatiques et non dogmatiques qui utilise ces deux leviers que sont l'offre et la demande. Elles existent : la politique du logement et celle des cotisations sociales employés par exemple. Relancer la construction par des investissements publics, permet, tout en s'adaptant à la transition énergétique, de stimuler l'offre de logements qui est insuffisante. la baisse des cotisations employés permet de redonner du pouvoir d'achat aux salariés, donc de la consommation, tout en baissant le coût du travail pour l'employeur qui embauche.
La France doit aussi intégrer d'une part que la compétitivité ne passe pas uniquement par le coût (notamment des salaires) mais aussi et surtout par l'innovation. De même qu'il faut aussi reconnaître que le ratio "dépenses publiques sur PIB" n'est pas un gage de succès et sa croissance sans fin n'est pas tenable; il serait judicieux, au contraire, de travailler qualitativement sur l'efficacité des services publics, à dépenses égales (pourquoi dépense-t-on plus dans l'Education Nationale pour des résultats inférieurs à ceux de certains pays par exemple?).
Dès lors, il sera crédible de faire évoluer la politique européenne vers des investissements de relance, un soutien accru à l'innovation et, au final, un taux de chômage en forte baisse.