Blog d'Étienne Pourcher
Au revoir monsieur le président.
J'ai appris votre disparition et si la distance ne m'a pas permis de vous accompagner dans votre dernière demeure, je ne peux rester sans vous saluer une dernière fois et adresser mes sincères condoléances à vos proches qui peuvent être légitimement fiers de votre parcours, véritable hymne à la méritocratie républicaine.
Vous vous disiez immortel depuis votre élection à l'académie des sciences morales et politiques : l'opposant dirait "encore une promesse non tenue", je préfère vous dire mon émotion aujourd'hui. Quel personnage vous futes ! Peu sont ceux qui se hisseront à ce niveau.
Nous nous sommes opposés car nous ne partagions pas la même vision du développement de notre département même si nous partagions la même passion pour les Vosges. Mais j'ai toujours eu un grand respect pour votre engagement au service de nos Vosges et pour votre personne et je crois pouvoir dire que j'ai ressenti le même respect de votre part à mon égard y compris quand je fus votre premier opposant. Vous avez su le démontrer lors des moments forts de ma vie personnelle.
A l'heure de votre disparition je n'ai pas envie de revenir sur ce qui nous opposait, encore moins sur les différentes affaires qui ont terni la fin de votre longue et réussie carrière politique. Non, au contraire je veux me souvenir de l'homme, de ses qualités, nombreuses, dont le côté humain mais aussi l'humour que vous magniiez aisément et dont vous me permettrez d'user ici.
Vous fustigiez régulièrement les "avantages acquis" (ah, l'histoire de votre petit fils et des mirabelles racontée tant de fois en séance !) force est de constater aujourd'hui plus que jamais que la vie n'est pas un avantage acquis, qu'elle peut nous être retirée à tout moment.
Les bilans, comme les hommes ne sont jamais ni tout noirs ni tout blancs. Aujourd'hui j'oublie Damblain pour mieux retenir votre action en faveur du déploiement du haut débit. Ah cette vidéo mémorable où vous vantiez les "megabits" attendus ! Aujourd'hui, j'oublie le projet de PPP routier pour retenir le "y" vosgien et le TGV dont vous aimiez tant rappeler l'inauguration du catener qui fera sourire mon collègue de Raon l'étape, Michel Humbert.
Vous craigniez ce que vous appeliez avec humour "les commentaires à la sortie de la messe ou du café" . Rassurez-vous, je ne doute pas qu'aujourd'hui les vosgiennes et les vosgiens qui commentent en ces lieux votre disparition le font comme moi avec un profond respect et avec une grande émotion. Au revoir monsieur le président
La forêt dans les élections municipales : un choix citoyen
L’actualité récente a (re)mis en lumière l’arbre et la forêt, avec les feux de forêts en Amazonie puis en Australie et leurs conséquences dramatiques sur la biodiversité ainsi que sur le changement climatique, par les volumes de CO2 rejetés dans l’atmosphère. Si, malheureusement, nous nous habituons aux épisodes de feux forestiers, force est de constater leur récurrence, leur intensité toujours croissante et l’élargissement de leur saisonnalité – l’été n’étant plus le seul temps réservé pour ces catastrophes. Les citoyens ne s’y trompent pas, qui y sont de plus en plus attentifs et se mobilisent partout dans le monde, y compris en France.
Nos concitoyens ont bien intégré, en effet, outre les effets catastrophiques des feux, à l’inverse le rôle joué par la forêt dans le captage de CO2 – l’arbre reste la machine la plus performante, avec l’océan, pour capter les gaz à effets de serre que nos activités humaines rejettent dans l’air et donc les meilleurs purificateurs d'air -, mais aussi dans la préservation de la biodiversité – la forêt amazonienne est essentielle pour la fabrication de nombreux médicaments par exemple -, et enfin, de façon encore plus immédiate et pratique, le rôle rafraîchissant des forêts climatiseurs naturels - en périodes de hausse des température – particulièrement lors des épisodes caniculaires devenus de plus en plus fréquents.
Si les citoyens sont sensibilisés, ils sont en attente de propositions et demandent légitimement de leurs représentants des actes concrets en faveur de la forêt. Les élections municipales en sont une occasion particulièrement remarquée
Les propositions des candidat.e.s aux élections municipales sont à ce sujet nombreuses et diverses, tant en zone rurale qu’en zone urbaine.
Dans les métropoles forêts urbaines et micro forêts fleurissent dans tous les programmes. S’il s’agit souvent de verdir son programme, c’est aussi de véritables prises de conscience sylvicoles qui surgissent. A Paris même, Anne Hidalgo a fait sensation avec la proposition de créer des forêts urbaines Ainsi, le parvis de l'Hôtel de Ville (IVe), celui de la gare de Lyon (XIIe), la placette derrière l'opéra Garnier (IXe) et les voies sur berge (IVe) seront désormais garnis d'arbres. De même, Benjamin Grivaux, alors candidat à la mairie de Paris avait proposé rien de moins que de déplacer la gare de l’Est pour y créer un Central Parc ! Partout, les mini forêts urbaines « fleurissent » ! à Marseille Martine Vassal (LR) a présenté son nouveau projet de "forêt urbaine", vaste plan d'agrandissement (de 18 à 40 hectares) du parc Borély vers la mer ... à Toulouse : La première micro-forêt de la Ville rose verra le jour en mars, à Rangueil, le « collectif micro-forêt de Toulouse en Transition » va planter 1.200 arbres sur un terrain de 400 m2 en plein cœur de la Ville rose. A Nantes chaque candidate y va de sa proposition : Laurence Garnier (Les Républicains), propose par exemple la plantation de 110.000 arbres en dix ans et la création d’un nouveau parc, le « Procé du XXIe siècle », sur l’île de Nantes. Valérie Oppelt (LREM), elle, imagine l’apparition de « mini-forêts dans les 11 quartiers », et annonce qu’elle « préservera le poumon vert qu’est le square Daviais ». La candidate EELV Julie Laernoës avec de nombreuses propositions, allant de la « débitumisation de certaines rues et cours d’école », à « la sanctuarisation des arbres anciens », en passant par « l’objectif de zéro artificialisation ». La maire de Nantes, Johanna Rolland, s’engage à la création de 150 îlots de fraîcheur, notamment dans les Ehpad et les crèches. On le voit, cette volonté de faire revenir l’arbre en ville traverse tous les partis. Reste au citoyen électeur à en extraire le plus efficace… ou à prendre l’initiative ! ainsi, de nombreuses associations ou collectifs de citoyens mettent en place des micro-forêts, inspirés par la méthode Miyawaki, pour concevoir des forêts urbaines à haut potentiel de biodiversité, de végétalisation, et de lien social… tels Minibigforest, Arboretoom… faire pousser 300 arbres sur l’équivalent de 6 places de parking, c’est possible. La méthode, qui consiste à créer une micro-forêt native, a été mise au point par un botaniste japonais, Akira Miyawaki : 10 fois plus rapide, 30 fois plus dense, 100 fois plus de biodiversité qu’une forêt traditionnelle… annoncent les initiateurs comme aux Sorinières dans l’agglomération nantaise. Reste à prouver l’efficacité de ces solutions, mais elles contribuent déjà à recréer du lien entre les planteurs ainsi qu’entre les citoyens et l’arbre.
Evidemment, les zones rurales ne sont pas en reste, où l’enjeu de l’adaptation des forêts au changement climatique, aux sécheresses, aux attaques de scolytes sont prégnantes. Au-delà des travaux de l’INRA et particulièrement de son laboratoire de Nancy, nombreux sont les maires et les candidats qui s’inquiètent pour l’avenir de leurs forêts. Celles-ci couvrent plus du quart du territoire métropolitain et les communes forestières sont nombreuses en France. Celles qui trouvent de la forêt sur leur territoire comme celles qui en possèdent. Pour ces dernières, l’enjeu est également financier. L’invasion des scolytes ces derniers mois y a fait plus de dégâts que la grande tempête de 1999 !! Avec les coupes nécessaires pour éviter la propagation, les volumes de bois mis en vente sont gigantesques et les prix s’effondrent. Dans les forêts des particuliers, laissées à la libre administration des propriétaires (sauf les plus grandes soumises à des plans de gestion) la baisse des revenus incite à ne pas replanter, voire même à ne pas couper, laissant l’épidémie progresser. Les maires disposent alors de peu de moyens d’agir… L’aide de l’Etat, par solidarité nationale et pour les services rendus par la forêt, tarde à venir – l’Allemagne y a déjà consacré 800 millions d’euros ! - . Les élections municipales sont alors l’occasion de s’interroger, dans ces communes forestières, sur l’avenir de ces espaces boisés. Quelles essences replanter ? quelle vocation pour demain entre les objectifs de captation de CO2, de préservation de la biodiversité, de loisirs… ? Ainsi la Fédération nationale des Communes forestières est associée au programme de recherche S'EnTET, qui signifie « s'Engager pour la Transition Ecologique dans les Territoires ». Ce projet est porté par l'Inra, AgroParisTech, le FCBA, FNE, le GIP Ecofor, l'Université de Lorraine, l'Université Panthéon-Sorbonne et la Fédération nationale des Communes forestières. Ce projet est financé par l'ADEME. Dans le contexte actuel de changement climatique et de transition écologique, les fonctions et usages des forêts sont fortement fragilisés. Les incertitudes pèsent quant à leur futur et vont demander de prendre pour l'avenir des décisions importantes quant aux objectifs donnés à ces espaces. Les élus seront les premiers sollicités. Cette étude a pour objectif de les accompagner.
Alors, la foresterie dans les élections municipales : une différenciation politique? Si au niveau européen la forêt est un enjeu politique – forêts de production contre forêts de préservation selon les pays – tout comme au plan national – quel avenir pour le service public de l’ONF et le statut de ses agents en France par exemple ? – au niveau local, l’accroissement de la forêt y compris en zone dense urbaine, semble faire consensus. Il reste néanmoins à analyser la crédibilité des propositions et surtout la réalité de leur mise en œuvre. A Milan, le Maire, Giuseppe Sala, a décidé de planter 3 millions d'arbres d'ici à 2030, le triple du nombre de ses habitants, et il assure qu'à terme sa forêt urbaine permettra d'abaisser de 2 degrés la température moyenne de la ville et d'absorber 5 millions de tonnes de CO2 par an, soit 80 % de l'ensemble de ses émissions. Au-delà de la visibilité des forêts urbaines, il y a à prendre en compte également l'utilisation du bois dans les constructions urbaines par exemple. A la veille du premier forum mondial des forêts urbaines, un appel invitait tous les professionnels de l'urbanisme à considérer l'arbre « comme un partenaire de la ville du futur ». Accroître les surfaces perméables, transformer les toits en jardins, végétaliser les murs, clôtures et barrières urbaines, développer des oasis vertes et des surfaces agricoles, créer des coulées vertes, planter des bois…Vaste programme! Déjà, le Senseable Lab du Massachusetts Institute of Technology (MIT) a classé la couverture de la canopée verte dans plusieurs villes du monde en utilisant le panorama Google Street View...Au citoyen de trancher !
Comme chaque été, nous avons assisté au retour des incendies de forêts (Grèce, Indonésie…) aussi sûrement qu’au retour des touristes sur les plages ou des melons sur les étals des marchés. Faits nouveaux cette année, la planète a connu des feux en Arctique…De la Sibérie au Canada, des millions d'hectares sont partis en fumée depuis début juin, en raison des températures élevées.
Plus encore, récemment, la planète s’est émue devant les feux en Amazonie, jusqu’à amener le sujet en haut des priorités de discussion du G7 de Biarritz.
Incendies de forêts et dérèglement climatique : pourquoi il est urgent d’agir ?
Le dérèglement climatique entraine ces feux. La sécheresse et la chaleur sont évidemment une des causes de ces incendies ; or, l’été 2019 étant plus sec et plus chaud que les précédents est plus propice aux feux de forêts.
Ces feux accélèrent le changement climatique. Le feu émet du C02 en libérant le carbone contenu dans les arbres : Sur le seul mois de juin, les feux dans l’Arctique ont dégagé 50 mégatonnes de CO2, soit autant que les émissions annuelles de pays comme la Suède ou la Hongrie.
Les forêts brûlées sont autant de puits de carbone en moins, chaque arbre absorbant le CO2 de l’atmosphère pour en relâcher l’oxygène d’où le surnom de « poumon » de la planète.
Pourquoi une telle émotion suscitée par les feux en Amazonie ?
L’Amazonie est un espace forestier important réparti sur 9 pays dont la France (Guyane) et le Brésil (qui en accueille 60% de la surface).L'Amazonie est la deuxième plus grande forêt du monde, derrière la taïga.
Cette vaste surface forestière en fait le poumon du monde par sa capacité à capter et stocker le CO2 à un moment ou notre terre en a le plus besoin.
Mais le rôle des arbres ne s’arrête pas là : ils captent l’eau des sols pour la faire évaporer et entrainer des pluies ; d’où, avec la déforestation amazonienne, des saisons de pluies plus tardives et plus courtes.
Pour autant, l’Amazonie reste l'une des régions les plus humides de la planète, d'où une grande richesse en biodiversité. Cette forêt est, en effet, un formidable réservoir de biodiversité : animaux comme plantes (dont nous avons besoin par ailleurs pour la chimie et la médecine).
Ceci sans compter que l’Amazonie accueille depuis des siècles des populations autochtones qui vivent souvent en symbiose avec la forêt.
Autant dire qu’un feu de forêt fait disparaître l’ensemble de ces bienfaits et ses conséquences ne sont pas seulement locales, même si elles sont terribles pour les indiens : accroissement du dérèglement climatique pour toute la planète, dégradation de l’air et de la santé des espèces (dont l’Homme), perte de diversité irréversible. C’est pourquoi certains parlent des forêts comme de « biens communs » de l’humanité. Il pourrait donc leur être attribué des droits.
Des incendies de cette année en Amazonie inédits par leur ampleur
L’été 2019 connaît une envolée de ces feux en Amazonie et particulièrement au Brésil où vient d’être élu Jair Bolsonaro. : hausse de 84% par rapport à 2018 au Brésil et + 100% dans l’ensemble de l’Amazonie.
Quelle est la cause de cette augmentation inédite dans le nombre d’incendie comme dans leur ampleur ? Le défrichage est souvent mis en cause avec un objectif de production agricole : besoin de terres pour la culture du soja – le Brésil est le 1er exportateur de soja- et besoin de terres pour le pâturages – donc la production de viande bovine pour laquelle le Brésil est également 1er exportateur. Le feu sert à défricher la zone une fois le bois extrait, afin de passer à des fonctions plus lucratives. L’enjeu commercial et financier transparait donc immédiatement.
Il est doublé d’une spéculation foncière parfois animée par des mafias locales. D’où l’usage de la violence (l’appât du gain…), et derrière elle la pauvreté…
L’industrie minière n’est pas en reste qui vise l’exploitation du sous-sol…
Un sujet politique : que faire ?
Jair Bolsonaro, immédiatement élu, a réduit les budgets de l’Ibama, organisme chargé de faire respecter les lois sur l’environnement, ce qui a entraîné une baisse des contrôles, laissant ainsi libre cours aux mécanismes précédemment décris (le défrichement a augmenté de 50% depuis janvier dernier…).
La signature du traité de libre échange entre l’UE et le Mercosur en juin dernier vise à accroître encore les échanges commerciaux donc la production brésilienne de soja et de viande bovine, donc le besoin en espaces fonciers, donc l’accroissement des défrichements… L’annonce par l’Irlande et la France d’un renoncement à ce traité est un premier pas nécessaire. Les autres traités commerciaux internationaux devraient d’ailleurs prendre en compte de façon systématique leur empreinte environnementale. La relecture des traités déjà signés est nécessaire.
Nous devons également être irréprochables… Des défrichements sont accordés en France (Guyane) aussi pour des projets miniers par exemple…
Instituer la forêt en bien commun universel ? c’est une piste juridique à creuser. Dans tous les cas, laisser libre cours aux forces du marché – qui montre là qu’il ne sait pas s’auto-réguler – est impensable. Il faut introduire une régulation permettant à la fois de respecter notre environnement dans le cadre d’un développement économique durable et à la fois de respecter les populations, tant celles qui vivent dans et des forêts que celle des agriculteurs et salariés d’Europe comme d’Amérique latine…
En ce mois de juin 2019, près de 10 ans après la décision française de rattraper ses voisins européens pionniers en la matière en lançant des appels d'offres pour l'implantation de parcs éoliens en mer, cette technologie a (enfin) connu son top départ en France.
Première bonne nouvelle, le démarrage du 1er parc français, à Saint-Nazaire. Alors que plus de 4 000 éoliennes sont déjà installées en mer dans le monde, particulièrement en mer du Nord et mer Baltique - certaines depuis plus de 20 ans - aucune ne l'est en France, pourtant 2ème espace maritime mondial après les Etats-Unis. Seuls deux prototypes d'éolien flottant en Pays de la Loire et Bretagne y sont implantées. Après être partis plus tard que les autres pays leaders comme le Dabnemark, l'Allemagne ou encore le Royaume-Unis, la France a connu de nombreux retards dus aux méandres administratifs et nombreux recours. Depuis 2012, c'est le cas pour le projet de Saint Nazaire, pour lequel le Conseil d'Etat vient de rejeter définitivement le dernier des nombreux recours déposés. Avec ses autorisations en main, EDF va pouvoir lancer la construction de ce chantier colossal - près de 2 milliards d'euros d'investissements, des milliers d'emplois à la clé. C'est chose faite depuis le 14 juin avec la signature de constrats pour l'installation d'une sous-station électrique en mer qui sera construite aux chantiers de l'Atlantique ainsi que de 80 éoliennes de puissance 6 MW qui seront assemblées par Général Electric renewable energy à Saint Nazaire également, tout près de Nantes où elles sont développées, leurs pales venant de Cherbourg. C'est ainsi une filière et des emplois en France qui prend son envol. Il était temps! L'observatoire des énergies de la mer www.merenergies.fr a montré que déjà plus de 2000 emplois s'y préparent et que de nombreux investissements ont été réalisés. Le parc produira l'équivalent de 20% de la consommation électrique de toute la Loire-Atlantique!
Deuxième bonne nouvelle, le prix. L'Appel d'Offres pour la construction d'un parc similaire à Dunkerque dont le lauréat, EDF renouvelables, a été révélé ce même 14 juin, a montré que les prix de l'éolien en mer avaient fortement chuté ces dernières année, attaignant moins de 45 euros par MégaWattheure à Dunkerque, quand le Gouvernement imaginait initialement 60 à 70 euros initialement. De bonnes conditions physique du site, des conditions administratives améliorées et une filière qui gagne en compétitivité chaque année expliquent ce prix. C'est un prix proche des autres énergies renouvelables matures (le dernier appel d'offre en éolien terrestre s'est négocié en moyenne plutôt vers 60 euros) et même du nucléaire nouvelle génération (le projet d'Inkley Point au Royaume Unis a été attribué au prix de 107 euros).
Troisième bonne nouvelle, les volumes. La baisse des prix constatée est bonne pour le consommateur comme pour le contribuable (si le prix de marché de l'électricité passe au dessus de ces 45 euros, c'est même l'Etat qui touchera un bénéfice); cela permet donc d'envisager plus d'appels d'offres. C'est ce que le Gouvernement a promis d'inscrire dans le Programmation Pluri-annuelle de l'énergie en affichant 1 GigaWatt (GW) d'appel d'offres lancés chaque année en France dans les 10 prochaines années, pour l'éolien en mer, posé et flottant. A titre de comparaison, plus de 18 GW sont déjà installés en Europe - soit 4500 éoliennes - dont plus de 8 000 GW au Royaume Uni et plus de 6 000 en Allemagne. La France peut ainsi rattraper son retard, apporter une part essentielle de sa transition énergétique et créer de nombreux emplois.
L’incendie de Notre Dame a marqué les esprit, en particulier par la disparition de la « forêt », charpente de chêne vieille de plusieurs siècles.
Beaucoup a été dit à ce propos
Il est temps de reconstruire ; il faut le faire en bois !
Anne Brugnera, la députée rapporteure du projet de loi de reconstruction de Notre-Dame, a commencé les auditions des professionnels. La loi permet en effet au gouvernement de déroger non seulement aux règles fiscales et administratives, mais aussi aux règles techniques et architecturales protégeant les monuments historiques et prévoit un concours international d'architectes pour reconstruire la flèche, ouvrant la porte à un « geste architectural » plutôt qu'une reconstruction de la flèche de Viollet-Leduc. La charte de Venise de 1964 et la réglementation française imposent une restauration respectant l'apparence (les matériaux pouvant être modernes) et conduite par un architecte en chef des monuments historiques.
Voici pourquoi il faut reconstruire en bois.
D’abord, la combustion de la structure bois a sans doute eu de moindre conséquences sur les murs de pierres que si elle avait été en acier ou en béton ; les pompiers dont il faut souligner le travail exemplaire sur ce feu le savent bien.
Le choix du bois : matériau capteur de CO2 - durant sa croissance il absorbe plus de CO2 qu’il n’en dégage pour sa combustion et peut le conserver pendant des siècles comme la charpente de la cathédrale le montre, il a donc un bilan carbone positif - et renouvelable – par définition l’arbre coupé laisse place à d’autres arbres qui vont à leur tour croître, et la forêt française qui est gérée durablement s’en assure, ceci à la différence des autres ressources fossiles.
Ensuite la forêt française le peut contrairement à ce que certains ont pu dire : le besoin pour reconstruire la charpente de Notre Dame est évalué à 3000 m3 quand on récolte 800 000 m3 de chêne en France chaque année ; de plus les gros bois sont bien présents même si la charpente qui vient de brûler était plutôt un habile assemblage ayant moins eu recours aux gros diamètres, d’où son surnom de « forêt ».
En outre, nous pouvons montrer la capacité humaine actuelle a égaler le magnifique travail des artisans de l’époque. C’est toute une filière française du bois (actuellement déficitaire mais qui regorge de talents) qu’il sera possible de valoriser.
Enfin, c’est l’occasion de montrer la capacité d’innovation de la filière bois aujourd’hui : traitement inifugeant le matériaux, CLT, utilisation d’autres essences que le chêne pour le bois construction, etc.
Par ailleurs, le formidable élan des forestiers montre que plus de chêne que ce qu’il sera nécessaire a été offert : donnons les quantités supplémentaires à la fondation Abbé Pierre pour créer des logement en bois pour les sans logis.
Didier Guillaume vient de succéder à StéphaneTravert au Ministère de l'Agriculture. Bien que le terme "forêt", qui représente pourtant un tiers du territoire français, ne se retrouve pas dans l’intitulé du Ministère, le nouveau Ministre a été conseiller de Jean Glavany alors que celui-ci portait un projet de loi essentiel sur la forêt et corapporteur du projet de loi d'avenir pour l'agriculture, l'alimentation et la forêt au Sénat en 2014. Didier Guillaume devrait donc être connaisseur des questions forestières. Il a devant lui d'importants dossiers sur ce sujet!
La forêt et le bois représentent une opportunité pour la France qui dispose largement de cette ressource : puits de carbone, réservoir de biodiversité, énergie renouvelable, matière première de la bioéconomie, espace de loisirs et de bien-être. Dynamiser la filière forêt bois c'est saisir ces opportunités!
Une actualité urgente à traiter pour le Ministre : le modèle économique affaibli de l’ONF, gestionnaire de la forêt publique. En déficit récurrent du fait d'un modèle économique non pérenne, l'Office connaît des difficultés auxquelles il convient enfin de remédier. La "marche pour la forêt" actuellement en cours en France doit trouver une réponse politique pour l'avenir des forêts publiques et de leur gestion.
Autre dossier brûlant pour le nouveau Ministre : la réalisation d’une usine d’huile de palme en Région PACA, dite « bioraffinerie de la Mède » (autorisation délivrée à Total le 16 mai dernier) représente de la déforestation importée – rappelons que la déforestation représente 10% des émissions mondiales de gaz à effet de serre -. La France veut-elle vraiment continuer à s'engager sur ce projet?
Enfin, autre dossier chaud, le permis d’exploiter – qui doit être délivré cet automne - une mine d’or en Guyane, dit projet « Montagne d’Or », ayant reçu le soutien d’E. Macron fera disparaître 1500 hectares de forêts en plein cœur de l’Amazonie et utilisera une méthode d’extraction au cyanure extrêmement polluant menaçant ainsi la faune et la flore locale.
Des sujets tout aussi importants et récurrent seront également à traiter, comme le déficit extérieur récurrent de la filière. Comment accroître la transformation des bois sur notre sol et donc la création de valeur, pour ne pas rester cantonnés à la production de matière première?
La sous-exploitation de la forêt des particuliers dont on ne prélève que la moitié de l’accroissement annuel. Il existe un potentiel supplémentaire dans la collecte de bois dans la forêt privé, comment le mobiliser?
Nous pourrons juger l'action du nouveau Minsitre à l'aune des réponses qui seront apportées à ces dossiers...
Le récent rapport du GIEC a montré les conséquences catastrophiques d'un dépassement des 1,5 degrés de hausse moyenne des températures. Ce sujet devrait être la priorité numéro un des gouvernements car il en va de la survie des espèces dont la nôtre. Le Gouvernement français va dévoiler prochainement ses propositions à travers une Programmation Pluriannuelle de l'Energie. Notre responsabilité collective est donc grande.
Les questions connexes dans le choix des énergies de demain sont :
1) l'indépendance énergétique : aujourd'hui la France importe la quasi totalité de ses hydrocarbures, mais également l'uranium et ses combustibles nucléaires. Les approvisionnement viennent souvent de pays peu stables, ce qui fragilise notre indépendance.
2) les déchets et le caractère renouvelable : exploiter des ressources terrestres pour les épuiser, laisser des déchets aux générations futures n'est pas saisfaisant. Avec le vent, le soleil, la mer et le bois, les sources d'énergies se renouvellent
3) les conditions économiques : aujourd'hui solaire et éolien, y compris éolien offshore, vendent leur production sur le marché de l'énergie sans subvention publique; l'éolien, y compris offshore est moins cher que les nouvelles capacités de production d'électricité, y compris nucléaire comme le montre le marché du Royaume Uni. Par ailleurs, l'éolien crée des filières industrielles en Europe et donc en France. L'Observatoire des Energies de la Mer a montré que l'éolien en mer a déjà créé plus de 2500 emplois en France (www.merenergies.fr)
La balle est dans le camp du gouvernement.
La démission de N. Hulot s'est produite sur fond de permis de chasse; même si cet épisode ressemble plus à la goutte d'eau qui a fait déborder le vase, les questions forestières et de la filière bois ont des dossiers chauds et urgents à traiter par le nouveau Ministre FDR.
Le développement de la filière bois, matériau biosourcé et source d’énergie renouvelable, nécessite des actions concrêtes; de même pour la forêt qui est pourtant également un puissant puit de carbone, allié précieux contre le dérèglement climatique, ainsi qu’un réservoir inégalé de biodiversité.
Un premier test sera celui de la déforestation importée : La volonté du Gouvernement de permettre la réalisation d’une usine d’huile de palme en Région PACA, dite « bioraffinerie de la Mède » (autorisation délivrée à Total le 16 mai dernier) représente de la déforestation importée – rappelons que la déforestation représente 10% des émissions mondiales de gaz à effet de serre -.
Second dossier, le permis d’exploiter – qui doit être délivré cet automne et constitue donc un des premiers actes politiques du nouveau Ministre - une mine d’or en Guyane, dit projet « Montagne d’Or »,ayant reçu le soutien d’E. Macron, fera disparaître 1500 hectares de forêts en plein cœur de l’Amazonie et utilisera une méthode d’extraction au cyanure extrêmement polluant menaçant ainsi la faune et la flore locale. Le récent débat public a montré les réticences locales voire les radicalisations; les compromis sur la dispersion des sites de stockage (pour partager les risques?) ou garanties de l'exploitant sur le traitement des boues scianurées, n'ont semble-t-il pas rassuré...
Le plan climat du Ministre Hulot en juillet 2017, devait pourtant s’appuyer sur le rôle des forêts : quelle action concrète depuis ? Le plan biodiversité devait également s’appuyer sur les espaces forestiers préservés : quelles suites, mise à part la confirmation de la création du Parc National des forêts de feuillus de Champagne – Bourgogne lancé il y a quelques années. Autant de pistes d'actions à l'aune desquelles le nouveau Ministre pourra être jugé.
La forêt publique a un rôle majeur à jouer, en particulier avec son gestionnaire, l’ONF, en partie sous tutelle du Ministère chargé de l’environnement et dont la situation financière devra être stabilisée. Là aussi un chantier d'envergure.
Editorial du « Monde ». Les signaux d’alarme sur l’accélération du réchauffement climatique se multiplient et, pourtant, les actions engagées pour tenter d’inverser le phénomène ne sont désespérément pas à la hauteur des enjeux. Deux nouveaux avertissements viennent de nous être lancés, mercredi 1er août. L’année 2017 a été classée comme l’une des trois années les plus chaudes de l’histoire moderne, selon le rapport annuel de l’agence fédérale américaine National Oceanic and Atmospheric Administration (NOAA).
Le 1er août est également le jour où l’humanité a consommé l’ensemble des ressources que la nature peut régénérer en un an, selon les calculs du réseau international du Global Footprint Network et celui du WWF. Année après année, ce « jour du dépassement » est de plus en plus précoce : en 1975, c’était le 1er décembre ; en 1995, le 5 octobre ; en 2015, le 4 août, et en 2017, c’était le 2 août.
Lire aussi : Climat : 2017, année de tous les records
D’un côté, les mesures des scientifiques de la NOAA et l’actuelle vague de chaleur qui fait suffoquer les populations d’Europe du Nord, du Japon, du Canada ou du Pakistan, laissent peu de doute sur la réalité du réchauffement climatique. De l’autre, l’« empreinte écologique » grandissante de l’homme, illustrée notamment par la hausse des émissions des gaz à effet de serre et par l’augmentation des surfaces cultivées, brosse le tableau d’une planète au bord de la rupture sans que les actes suivent la prise de conscience.
Deux ans et demi après l’accord de Paris, conclu lors de la COP21 pour contenir le réchauffement sous le seuil des 2 °C, « l’union sacrée pour le climat » à laquelle appelle Nicolas Hulot, le ministre de la transition écologique et solidaire, se fait toujours attendre. Certes, des villes se rassemblent autour d’objectifs de transformation de leurs usages en matière d’énergie, de logement ou de transport. Certes, des entreprises se projettent vers une économie rejetant moins de carbone, et le monde de la finance réévalue peu à peu sa politique d’investissement à la lumière du risque climatique. Un sommet mondial des acteurs non étatiques, le premier du genre, devrait mettre à l’honneur ces initiatives, mi-septembre, à San Francisco.
Toutefois, les Etats restent le maillon faible de cette mobilisation. C’est le cas des Etats-Unis de Donald Trump, l’un des derniers dirigeants climatosceptiques de la planète, qui a isolé son pays en ouvrant la voie, en juin 2017, à son retrait de l’accord de Paris. De son côté, l’Union européenne peine à réviser à la hausse ses objectifs de réduction de gaz à effet de serre. Il s’agit pourtant d’un effort indispensable. La Chine, premier émetteur mondial de CO2, est, elle aussi, confrontée à la contradiction entre les engagements de l’accord de Paris et la poursuite d’une croissance économique soutenue. Partout, les lobbys tentent de remettre en question les maigres avancées, comme au Canada, qui vient d’assouplir son projet de taxes sur les émissions de gaz à effet de serre.
Les Etats n’ont d’autre choix que d’agir vite et d’interroger les modes de production et de consommation qui font des hommes les prédateurs de la nature. Pour contenir la hausse des températures, l’accord de Paris indique clairement la voie en visant la neutralité carbone dans la seconde moitié du siècle. Cet objectif implique de laisser sous terre la plus grande partie des réserves d’énergies fossiles, les carburants du réchauffement. Combien faudra-t-il d’avertissements pour que l’humanité cesse de rester accrochée à un modèle qui conduit à sa perte ?